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plus à éviter, aussi la cour de Vienne mettra par là clairement au jour ses mauvaises intentions contre moi, et qu'elle ne médite rien plus qu'à m'attaquer selon le concert pris avec la Russie, sinon dans cette annéeci, puisqu'on n'a pas pris tous ses arrangements, du moins l'année qui vient, et de me susciter des ennemis partout, de sorte que raisonnablement je dois rompre au possible ses mesures, avant qu'elles puissent être portées à leur maturité et à leur plus grande consistance.

Vous ferez bien de glisser tout ce qui est dessus dans le public, et quoique je sois persuadé que cela ne fera guère impression sur les ministres aveuglés par les illusions que les Autrichiens leur font, je souhaiterais cependant que les bien intentionnés en France commençassent à voir clair sur la conduite de la cour de Vienne. Vous tâcherez, d'ailleurs, de faire bien comprendre, à tout ce qu'il y a de bien intentionné pour moi, la distinction solide et fondée entre l'agresseur et entre les premières hostilités, que c'est l'agresseur qui fait des plans pour attaquer et ruiner l'autre, et qui fait tous les arrangements pour mettre son plan en exécution, qui ne veut point venir à des explications et qui n'attend que le moment pour frapper son coup, au lieu que l'autre qui se voit forcé malgré lui de commettre les premières hostilités pour ne pas être pris mains et pieds liés, afin d'être égorgé impunément, n'agit qu'à son corps défendant. Comme cette distinction est exactement conforme au droit de nature et des gens, vous tâcherez de l'établir au mieux, et vous vous donnerez de la peine de réfléchir aux arguments moyennant lesquels vous établirez au mieux cette distinction si naturelle et si raisonnable.

Federic.

Nach dem Concept.


7860. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE MALTZAHN A DRESDE.

Potsdam, 16 août 1756.

On vient de me mander que la cour de Saxe faisait transporter à Dresde, en remontant l'Elbe, un magasin amassé à Torgau, et que plusieurs mille boisseaux de seigle et quelques mille d'avoine étaient tirés des magasins ordinaires de Leipzig, avec une grande quantité de farines, pour être transportés à Torgau et en bonne partie par bateau à Dresde.

M'ayant été donné avis d'ailleurs qu'on venait de prendre des arrangements en Bohême qui interdisaient tout transport de grains hors du pays, avec défense expresse de vendre non plus aux Saxons ni grains ni farines, je pense que ces arrangements engagent la cour où vous êtes à pourvoir sa capitale de grains des magasins de Leipzig et d'autres endroits.

En attendant, comme je ne suis pas bien sûr que tous ces avis soient fondés, vous ne manquerez pas d'en prendre une juste connais-