<252> entre le roi de la Grande-Bretagne et moi. C'est donc ce soupçon de nouvelles liaisons que j'ai prises selon eux, dont vous devez vous efforcer à les détromper.

1° Vous pouvez dire hardiment que, jusqu'ici, il n'y avait d'autre lien entre l'Angleterre et la Prusse que cette convention que le duc de Nivernois a vue,1 et qui est très innocente; comme je vous assure sur mon honneur que c'est en cela que consistent tous nos engagements, vous pouvez en parler avec la plus grande assurance.

2° Vous pouvez y ajouter qu'à la vérité il était naturel et simple que, dans un moment de crise, Comme l'est celui-ci, j'aie plus d'intimité envers une nation qui m'a garanti mes possessions, qu'envers une autre qui a refusé mon alliance, que, par conséquent, personne ne peut trouver à redire que je m'adresse à mes amis pour prendre des mesures pour ma défense.

3° Que la mauvaise volonté des Autrichiens contre moi était claire, et que, quoique la France fût en alliance avec eux, cela ne m'empêcherait pas de prendre des mesures pour ma propre défense et même, en cas de besoin, pour prévenir les desseins de mes ennemis; qu'il y avait deux mois que j'aurais pu attaquer la reine de Hongrie au dépourvu, si je l'avais voulu; que je lui laisse amasser tranquillement une armée de 90,000 combattants, mais que, si je ne recevais pas une réponse nette et satisfaisante au dernier mémoire du sieur Klinggræffen, personne ne m'empêcherait de prévenir les mauvais desseins de cette Princesse; que je savais que la Russie s'en mêlerait l'année qui vient, mais que, voyant qu'après tout ce que j'avais fait pour éviter cette guerre, elle devenait inévitable, je m'y porterais sans ménagement.

4° Que, jusqu'ici, je n'avais point soupçonné la bonne foi des Français envers moi, mais que je savais de science certaine les offres que l'Impératrice-Reine voulait faire en France2 pour attirer cette puissance dans la conspiration qu'elle a formée contre moi, et, comme la politique de cette Princesse m'est connue, je m'attendais à voir employer de sa part les impostures les plus noires, pour aigrir l'esprit du gouvernement contre moi et pour profiter d'un moment d'humeur, afin de l'entraîner dans ses vues; que rien ne pouvait se comparer à ces temps que ceux de la ligue de Cambrai, à la différence près qu'on ne viendrait pas si facilement à bout de la Prusse qu'on pouvait se l'imaginer, et que certainement cela donnerait lieu à une guerre générale dont on ne pouvait pas prévoir la fin; qu'il me serait douloureux de voir employer à ma ruine des troupes avec lesquelles j'avais été allié longtemps, et qui se souviendraient encore de la diversion qu'en 1744 je fis en leur faveur,3 et qu'il fallait espérer que le grand mouvement que cette guerre pourrait causer, remettrait les liqueurs de l'Europe dans leur équilibre naturel.

Federic.

Nach dem eigenhändigen Concept.



1 Vergl. Bd. XII, 504.

2 Vergl. Bd. III, 398.

3 Vergl. S. 131.