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viens d'apprendre de fort bon lieu que les fréquentes conférences que le nouvel émissaire russe qui est actuellement ici, … a depuis quelque temps avec M. de Rouillé, ont principalement pour objet l'établissement d'un traité de commerce entre les cours de Russie et de France … Il me revient même que la cour de Suède, qui est déjà instruite de cette négociation, et qui en est d'autant plus alarmée que les denrées qu'elle produit et qui font la base de son commerce avec la France, sont à peu près les mêmes que celles que fournit la Russie, fait tout ce qui dépend d'elle, pour détourner la France d'un pareil dessein, en lui faisant envisager que, si ce traité a lieu, la Suède se trouvera nécessairement obligée de se jeter entre les bras de l'Angleterre, pour réparer le dommage qu'elle souffrira par l'interruption de cette branche de son commerce, et pour trouver dans les îles britanniques un débit avantageux des denrées qu'elle fournit actuellement à la France… Je sais en même temps que le ministère autrichien qui représente les armements que fait Votre Majesté, sous les couleurs les plus odieuses, remue ciel et terre, pour déterminer la France à prendre des engagements plus particuliers avec la Russie, et la faire accéder au traité de Versailles, sous prétexte que le maintien du système qu'on vient d'adopter, dépend de cette alliance, mais que cette dernière décline cette proposition.“

ments qui avaient leurs quartiers en Westphalie,1 et quel ombrage donc peut cela donner à la France, quand je retire des troupes de Westphalie, pour les faire entrer dans le pays de Halberstadt? Mais voici justement mes soupçons confirmés que les ministres de France croient aveuglément tous les mensonges que les Autrichiens leur débitent.

A cette occasion, je suis bien aise de vous dire que, quand M. de Rouillé vous parlera des insinuations que j'ai faites à la république de Hollande,2 vous lui direz qu'il fallait bien distinguer celles que j'ai faites, d'avec celles que l'Angleterre y fait faire; que celle-ci réclame le secours auquel la République s'est engagée par les traités faits avec elle, au lieu que mes insinuations ne visent qu'à la sûreté de mes provinces là-bas. Et comme, d'ailleurs, la France ne me veut plus garantir mes possessions, il faut bien que je songe d'avoir d'autres puissances qui me les garantissent. Au surplus, je vous [réitère] ce que je vous ai déjà marqué par mes dépêches antérieures,3 que je ne prendrai nulles mesures offensives contre la France; mais de prendre des mesures défensives pour sa propre sûreté, voilà ce que personne ne pourra prendre en mauvaise part.

Pour ce qui regarde mes affaires avec la Reine-Impératrice, je vous dirai que j'ai tout remis à sa décision, et que j'attends encore sa réponse sur la déclaration que je lui ai demandée;4 que, si elle me la donne d'une façon satisfaisante pour moi, tout restera tranquille; mais si encore cette réponse est incertaine, vague et sans des assurances positives, et qu'on fait de nouvelles chicanes, alors je me le tiendrai pour dit et ne saurais qu'envisager ce refus que comme une déclaration de guerre que cette Princesse me fait, et je serai bien fâché, si, en après, la France



1 Vergl. S. 89; Bd. XII, 434.

2 Vergl. S. 256.

3 Vergl. S. 252.

4 Vergl. Nr. 7795.