<288>

Sa Majesté l'Impératrice-Reine aurait pu se dispenser, moyennant cela, de donner des éclaircissements sur des objets qui n'en avaient pas besoin; elle a bien voulu le faire néanmoins et déclarer ellemême pour cet effet à M. de Klinggræffen dans l'audience qu'elle lui accorda ledit 26 de juillet :

„Que l'état critique des affaires générales lui avait fait envisager les mesures qu'elle prenait, comme nécessaires pour sa sûreté et celle de ses alliés, et qu'elles ne tendaient d'ailleurs au préjudice de qui que ce soit.“

Sa Majesté l'Impératrice-Reine est sans doute en droit de porter tel jugement qu'il lui plaît sur les circonstances du temps, et il n'appartient de même qu'à Elle d'évaluer ses dangers.

D'ailleurs sa déclaration est si claire qu'elle n'aurait jamais imaginé qu'elle pût ne point être trouvée telle.

Accoutumée à éprouver, ainsi qu'à observer les égards que se doivent les souverains, elle n'a donc pu apprendre qu'avec étonnement et la plus juste sensibilité le contenu du mémoire présenté par M. de Klinggrœrïen le 20 du courant, dont elle s'est fait rendre compte.

et se tînt prête à marcher, afin de ne pas dépendre de la discrétion d'une cour aussi bien intentionnée pour ses intérêts que celle de Vienne. Si Sa Majesté avait eu quelque dessein, formé contre l'Impératrice, il y a deux mois qu'il l'aurait pu exécuter sans peine,1 lorsque d'aussi fortes armées n'étaient pas assemblées; mais le Roi négocie, tandis que ses ennemis s'arment, il ne fait que suivre les mesures des Autrichiens; ainsi il est clair que la mauvaise volonté de la cour de Vienne paraît à présent dans tout son jour.

Cette2 déclaration si claire ne laisse pas que d'être intelligible; car on demande : quels sont les alliés de l'Impératrice menacés de la guerre? Est-ce la France: Est-ce la Russie? En vérité, il faudrait s'aveugler étrangement, que de supposer au Roi les desseins d'attaquer ou la France ou la Russie, et certainement il faudrait un peu plus que quatre régiments marchés en Poméranie, pour entreprendre un pareil dessein; mais la cour de Vienne dit qu'elle ne veut attaquer personne, lui en aurait-il coûté davantage de dire qu'elle ne voulait pas attaquer le Roi nommément?

Ce mémoire est tel, quant au fond, ainsi que quant aux expressions, que Sa Majesté l'Impératrice-Reine se venait dans la nécessité de sortir des bornes de modération qu'Elle s'est prescrite, si Elle répondait à tout ce qu'il contient.

Ce mémoire a3 paru très désagréable à une cour qui n'a4 aucune envie de donner à son voisin des assurances de la pureté de ses intentions.



1 Vergl. S. 235.

2 Im ersten Entwurf lautet dieser Abschnitt: „Cette déclaration est si claire qu'on demanderait volontiers : quels sont ces alliés de l'Impératrice qui sont menacés de la guerre? et si, ayant des intentions pacifiques, il n'aurait pas été aussi facile à Sa Majesté Impériale d'y ajouter qu'elle n'avait aucune intention d'attaquer le Roi?“

3 Erster Entwurf: „doit avoir paru“ .

4 Erster Entwurf: „n'avait aucune“ .