<293> qu'une fâcheuse nécessité m'y a forcé, je me suis vu obligé de prendre mes précautions de manière à ne pas retomber dans la situation où la cour de Saxe m'avait mis l'année 1744 et 1745,1 où non seulement elle joignit ses forces avec celles de mes ennemis, mais entra conjointement avec eux en Silésie et fit le complot dangereux de m'attaquer dans le centre de mes États. Cependant, j'ai fait donner les assurances au roi de Pologne2 qu'on aurait tous les ménagements que les circonstances présentes pourraient comporter, et qu'on aurait pour la personne du Roi et pour sa famille royale toute la considération imaginable et tous les égards que le malheur du temps et ma propre sûreté pourraient permettre, et qu'en mon particulier je ne désirais rien plus ardemment que de voir arriver le moment de la paix, afin de pouvoir remettre le Roi dans la paisible et tranquille possession de ses États.

Vous ne manquerez pas de vous expliquer en conformité de ceci avec les ministres anglais, et me rendrez un compte exact de ce qu'ils vous diront.

Au surplus, vous représenterez aux ministres s'il ne leur convenait pas que, pour finir avec le duc de Brunswick à faire son traité avec l'Angleterre, le sieur Mitchell, sous le prétexte de faire un tour à Hanovre, allât pour quelques jours à Brunswick, afin de s'expliquer avec le Duc.

Federic.

Nach dem Concept.


7928. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A PARIS.

Potsdam, 27 août 1756.

Votre rapport du 15 de ce mois m'est bien entré. Le dernier courrier du sieur de Klinggræffen m'a apporté hier3 la réponse de l'Impératrice-Reine à ma seconde déclaration que je lui ai fait faire; mais comme cette réponse ne renferme proprement qu'un fier démenti de cette Princesse sur le concert qui doit subsister entre elle et la cour de Russie, afin de m'attaquer ensemble inopinément, sans qu'elle y touche d'un seul mot la question principale, savoir de ne vouloir m'attaquer ni pendant le cours de cette année-ci, ni de la prochaine — de quoi je vous ferai communiquer incessamment tout le détail4 — son armée ne se trouvant non seulement en campagne et sur le point de venir camper tout proche de mes frontières de la Silésie, mes troupes n'ayant jusqu'ici tendu pas même une seule tente, je me vois enfin, toute considération faite, obligé de prendre des mesures pour ma sûreté et de me mettre à cette fin en marche avec mon armée.



1 Vergl. Bd. III, 403; IV, 413. 414.

2 Vergl. Nr. 7915.

3 Vergl. S. 278. 285.

4 Vergl. S. 294 Anm. 1.