<321> croyant la plus convenable pour dissiper des soupçons réciproques, auxquels différentes démarches de la cour de Vienne avaient pu donner lieu. La première réponse1 que j'ai reçue de la cour de Vienne, est si obscure et énigmatique qu'aucun prince qui veut pourvoir à sa sûreté, ne peut s'en contenter. La seconde2 était conçue avec tant de hauteur et de mépris qu'elle devait offenser l'indépendance de tout prince qui a son honneur à cœur, et quoique je n'aie insisté que sur des assurances que j'exigeais de l'Impératrice-Reine, d'être sûr contre les3 entreprises qu'elle pourrait faire contre moi cette année-ci et l'année qui vient, elle n'a pas daigné répondre à une demande si importante. Ce refus m'a obligé, malgré moi, de prendre le parti que j'ai cru le plus propre pour prévenir les desseins de mes ennemis; cependant, tant pour l'amour de la paix que par esprit d'humanité, j'ai encore ordonné à mon envoyé à Vienne de faire de nouvelles représentations à cette cour,4 en lui faisant sentir que, sa dernière réponse étant non seulement conçue en termes très peu mesurés, mais encore remplie d'une mauvaise dialectique, qui ne répondait point à ce que je lui demandais, je me mettais en mouvement d'un côté, mais que, si encore l'Impératrice voulait me donner la sûreté que je lui demandais pour cette année et l'année qui vient, elle pouvait compter que je sacrifierais volontiers toutes les dépenses d'un commencement de guerre à la tranquillité publique, mais que, de plus, je consentirais incessamment à mettre les choses sur le pied de la paix.

Voici la véritable situation où je me trouve. Ce n'est ni la cupidité, ni l'ambition qui dirigent mes démarches, mais la protection que je dois à mes peuples, et la nécessité de prévenir des complots qui deviendraient plus dangereux de jour en jour, si l'épée ne tranchait ce nœud gordien, lorsqu'il en est temps encore. Voilà à peu près toutes les explications que je suis en état de donner à Votre Majesté. Je ménagerai Ses États, autant que ma situation présente le permettra. J'aurai pour Elle et pour Sa famille toute l'attention et la considération que je dois avoir pour un grand Prince que j'estime, et que je ne trouve à plaindre qu'en ce qu'il se livre trop aux conseils d'un homme5 dont les mauvaises intentions me sont trop connues, et dont je pourrais prouver les noirs complots papier sur table.6

J'ai fait toute ma vie une profession de probité et d'honneur, et sur ce caractère qui m'est plus cher que le titre de roi, que je ne tiens que par le hasard de la naissance, j'assure Votre Majesté que, quand même dans quelques moments, surtout du commencement, les apparences me seront contraires, Elle verra, en cas qu'il soit impossible de parvenir à une réconciliation, que Ses intérêts me seront sacrés et qu'Elle trouvera dans mes procédés plus de ménagement pour Ses in-



1 Vergl. Nr. 7795.

2 Vergl. Nr. 7914.

3 Eigenhändiges Concept: „toutes les entreprises“ .

4 Vergl. Nr. 7914.

5 Graf Brühl.

6 Vergl. S. 307—309.