<425> que nous ayons. La cour de Vienne ne nous a pas encore requis de lui prêter les secours stipulés par le traité de Versailles; mais il est certain qu'aussitôt qu'elle en fera la demande, nous accomplirons religieusement tout ce qui est stipulé à cet égard … Ayant ensuite tâché de lui prouver que le silence que l'Impéretrice-Reine avait gardé sur le point principal du mémoire du sieur de Klinggræffen,1 que cela n'avait pas pu manquer de fortifier les soupçons de Votre Majesté et de redoubler Son inquiétude, il me répliqua qu'après qu'on en était venu aux voies de fait, il était inutile qu'on s'étendît sur la question de droit et qu'il se bornerait seulement à me répéter encore et à m'affirmer de la façon la plus solennelle que toutes les conjectures que renfermaient les mémoires du sieur de Klinggrræffen touchant un prétendu concert pris entre les cours de Vienne et de Pétersbourg, étaient destituées de tout fondement … Si les ouvertures qu'il m'a faites en cette occasion, portent l'empreinte de la partialité la plus outrée en faveur de la maison d'Autriche, les autres ministres de France se sont expliqués envers différentes personnes de ma connaissance avec beaucoup plus d'emportement et de vivacité encore, et même en termes peu mesurés. Les uns ont dit ouvertement que l'esprit anglais paraissait avoir passé à Berlin; qu'on y avait le même mépris qu'à Londres pour tout ce que le droit des gens avait de plus sacré; qu'en un mot, Votre Majesté pratiquait les mêmes violences sur le Continent que l'Angleterre avait exercées sur mer. D'autres se sont avancés jusqu'à dire que les soupçons que Votre Majesté affectait d'avoir, n'étaient que simulés et qu'ils Lui servaient seulement de prétexte; que c'était l'Angleterre qui L'avait poussée à la démarche qu'Elle venait de faire, après L'avoir amorcée par des subsides considérables. Enfin, tous se sont réunis pour affirmer que, s'il était vraisemblable que Votre Majesté aurait de grands succès dans le commencement, la guerre qu'Elle venait de commencer, ne saurait pas manquer de tourner, à la fin, à Sa ruine. En attendant, il esr certain que ce succès a principalement excité cette fermentation, et l'aigreur qui règne à Versailles contre Votre Majesté, est non seulement causée par Son invasion en Saxe, mais par les procédés dont le roi de Pologne se plaint que cet évènement a été accompagné, et qui ont jeté Madame la Dauphine dans le plus grand désespoir; car, sans cet accessoire, le parti qu'a pris Votre Majesté, aurait certainement fait des impressions plus lentes et moins vives … Quoiqu'en vertu du 7e article du traité de Versailles, il soit libre à la partie requérante de demander, au lieu du secours effectif en hommes, l'équivalent en argent, on prétend savoir positivement ici que l'Impératrice-Reine insistera sur la prestation du corps auxiliaire. On a donc non seulement donné ordre à un grand nombre de régiments en Normandie de se tenir prêts à marcher au premier ordre, mais l'on assure aussi que le Roi a dit que l'Impératrice n'avait qu'à demander le nombre de troupes qu'il lui fallait, et qu'il ferait tout ce qu'il pourrait pour l'assister de la manière la plus efficace … L'on se propose aussi d'entamer à cette occasion plusieurs nouvelles négociations auprès de différentes cours dans l'Empire … Il est certain que les cours de France et de Vienne se flattent de pouvoir se former un parti considérable dans l'Empire, et il est même échappé au sieur Rouillé, dans la chaleur de la conversation et en me parlant, que l'Empire n'approuverait certainement pas les violences commises par Votre Majesté et l'infraction qu'Elle venait de faire à la paix. Au reste, plusieurs nouveaux indices me confirment encore dans le soupçon que j'ai formé dans ma précédente et très humble lettre immédiate, qu'on pourrait bien profiter des conjonctures présentes pour faire une diversion dans le pays d'Hanovre … Je viens d'apprendre en ce moment, en voulant finir ma dépêche, que la liste des régiments destinés pour former le corps des troupes auxiliaires stipulé par le traité de Versailles, est déjà faite, qu'on va leur envoyer à tous les ordres de marcher et qu'ils doivent se rendre à Metz, qu'on a choisi pour le lieu de l'assemblée.“



1 Vergl. S. 27S.