<466>poser à Votre Majesté; mais plus je l'examine, moins périlleux il me paraît, puisqu'étant beaucoup plus fort en cavalerie qu'en infanterie, je me mets en état de faire usage de toutes mes forces; en outre, Sire, je vois que, si nous n'avançons pas dans quelques jours plus loin dans la plaine, les subsistances deviendront presque impossibles pour la cavalerie, qui a fourragé déjà jusqu'à Teplitz et peut-être plus loin, selon le dire des paysans, quoique les officiers de ce corps ne l'avouent pas. Si Votre Majesté trouve ma proposition déraisonnable, je La prie très humblement de ne l'attribuer qu'à l'envie que j'ai d'assurer un entier repos à Son armée de ce côté, pour le temps qui lui sera encore nécessaire pour réduire les Saxons à quelques conditions qui pourraient être convenables à Ses intérêts.“

„Rapport du lieutenant-colonel Strozzi …: Sur les montagnes de l'autre côté de l'Elbe,1 il n'y a que peu de monde, envoyé par le comte Wied, pour nous observer; ces gens-là font un cordon d'ici jusqu'à Lobositz. Que c'étaient des hussards de Festetics, qui se déguisaient en pandours, avec leurs manteaux rouges et les souliers à la pandoure, pour faire d'autant plus de bruit. Qu'il n'y avait que le corps qui était sous le général Wied à Lobositz, lequel avait été renforcé par trois régiments, c'est-à-dire Browne, Kheul et encore un autre, dont il ne savait pas le nom. Un bas-officier a été envoyé par Strozzi avec 6 hommes, qui doit pousser sa patrouille jusque vers Budin et en rapporter des nouvelles certaines. Selon les nouvelles les plus certaines qu'il avait, l'armée impériale se trouvait encore entre Kolin et Czaslau. Il ajoute encore que deux canons de fer, de la poudre à canon et autres munitions avaient été en chemin, pour entrer dans Tetschen; mais ayant appris que nous nous en étions rendus maîtres,2 ils étaient retournés. Que ces choses avaient été escortées jusqu'à une certaine distance par des hussards qui, après cela, s'étaient retirés et avaient envoyé le convoi seul. Le lieutenant-colonel, l'ayant appris, a envoyé après un bas-officier et quelques hussards pour le prendre; mais il ignore jusqu'ici si on l'attrapera. Il loue beaucoup son espion et assure qu'il lui rapporte tout fidèlement; mais il se plaint qu'il est cher et que lui, Strozzi, avait déjà donné tant d'argent qu'il ne lui en restait plus.“

[Sedlitz], 26 [septembre 1756J.

Vos propositions, mon cher Maréchal, seraient très fort de mon goût, mais voici ce qui m'empêche d'y souscrire. Vous n'avez que pour 10 jours3 de pain et de farine, cette provision finit le 5 d'octobre; or, si vous avancez sur l'Égre, comment votre charroi pourra-t-il faire une plus grande traite pour vous mener vos subsistances? Voilà l'embarras. Si nous avions l'Elbe libre, cela se ferait tout de suite; mais, pour à présent, je crains que ce ne soit trop hasarder vos vivres, si vous poussiez plus en avant. Le seul moyen que j'imagine pour vous mettre en état d'exécuter ce projet, ce serait de faire décharger vos caissons à Aussig et de me les envoyer ici; je pourrais faire venir de Dresde ma farine par eau jusqu'à mon pont, y charger vos caissons et vous les renvoyer; je dois cependant ajouter à ceci que vous seriez obligé de donner le fourrage pour les chevaux qu'il me serait impossible de leur fournir ici.

Je crois les nouvelles de Strozzi bonnes, elles sont vraisemblables. Pour que vous ne manquiez ni d'espion ni de nouvelles, je vous envoie 2,000 écus, dont vous pourrez rembourser les avances que les officiers



1 Das rechte Elbufer.

2 Vergl. S. 442.

3 In der Vorlage verschrieben: 16. Vergl. Nr. 8124.