<47> renouait avec l'Espagne avec la concurrence de l'Autriche, qui y paraissait disposée, et que ces deux puissances enlevassent encore à l'Angleterre Gibraltar, après la prise de Port-Mahon,1 elles seraient les arbitres du sort de l'Italie, après avoir débusqué l'Angleterre de la Méditerranée, saus que l'Autriche, abandonnée à elle-même, puisse ensuite s'opposer aux forces réunies des deux branches de la maison de Bourbon; qu'elle perdrait même ensuite les Pays-Bas, qu'encore, sans le secours des Puissances maritimes, elle ne possédait que précairement, le dessein de la cour de Madrid n'étant que de réunir avec la monarchie les parcelles en détachées par la paix d'Uttrecht … [Le comte Flemming] accuse ensuite la dépêche du comte Brühl qui l'a instruit des ouvertures générales et obscures du chancelier Bestushew au secrétaire Prasse,2 au sujet de l'armement de la Russie, et dit qu'il voyait bien que le Chancelier devenait aussi plus réservé et plus mystérieux sur les intentions de sa cour; que cette retenue était très conforme à celle qu'on observait à Vienne à cet égard, où l'on donnait toujours à entendre que l'on n'avait d'autre dessein que de rester tranquille et de se préparer à tous les évènements que les conjonctures présentes feraient naître … Le comte Flemming ayant parlé au comte Kaunitz au sujet de l'armement de la Russie, ce dernier s'est expliqué là-dessus avec tant de mystère, d'obscurité et d'incertitude qu'il croyait que c'était ou pour lui donner le change, ou que peut-être on avait reçu des avis de Pétersbourg qui ne confirmaient pas les bonnes espérances qu'on avait d'abord conçues des favorables dispositions d'amitié et de fermeté que la Russie avait pour la cour de Vienne.“ 3

Maltzahn berichtet ferner, Dresden 5. Juli: „On est ici fort alarmé par les informations qui doivent être venues des armements de Votre Majesté. Le ministre d'Angleterre4 que j'ai vu ce matin, m'a confirmé ce que je venais d'apprendre de plusieurs endroits. Il me dit qu'on lui avait parlé de trois camps que Votre Majesté allait assembler, l'un en Silésie, le second dans le Magdebourg5 et le troisième en Poméranie.6 Que, de plus, on prétendait savoir pour sûr que Votre Majesté avait tiré beaucoup d'argent de son trésor, ce qu'on regardait comme une preuve sûre qu'Elle allait commencer la guerre, puisque, dès qu'Elle n'aurait d'autre intention que celle de faire camper Ses armées, Elle n'avait pas besoin de toucher à Son trésor, ayant des fonds affectés pour cela. Que ces nouvelles et celles du rappel des généraux et autres officiers de Votre Majesté qui avaient été au Karlsbad,7 persuadaient tout le inonde que Votre Majesté allait commencer la guerre, et qu'il ne doutait pas que le sieur Gross n'eût déjà pris le soin d'en instruire sa cour. Qu'on l'avait8 beaucoup questionné sur tout ceci, et que sa réponse avait été qu'il n'en était aucunement instruit. Qu'il n'avait encore reçu aucune lettre de sa cour, que, celle-ci restant, au reste, fortement liée avec celle de Pétersbourg, il ne saurait croire que sa cour qui n'avait point d'alliance offensive avec Votre Majesté, fût d'accord avec Elle sur le projet qu'on Lui supposait d'attaquer l'Impératrice-Reine, qui en ce cas réclamerait et obtiendrait des secours de la Russie son alliée. Il ajouta encore que la peur que la Saxe avait pour elle-même, était augmentée par les représentations de ceux qui y avaient intérêt, et qu'on leur réprésentait qu'ils ne sauraient se promettre aucun ménagement de la part de Votre Majesté … Il est certain que les inquiétudes sont extrêmes ici et les pourparlers avec le comte et la comtesse de Sternberg sans fin, celle-ci se mêlant plus des affaires que son mari. On a fait venir aujourd'hui le comte Rutowski de la campagne où il se tient en été, et, à ce que j'ai appris, le comte Sternberg doit donner des espérances sur un accommodement par rapport aux différends de commerce que la Saxe a avec sa cour,9 et sur lesquels cette dernière s'est montrée très roide jusqu'ici, de sorte que, si elle veut se relâcher, cela ne peut être que dans l'intention d'attirer la Saxe dans son parti … [Le sieur Stormont] m'a dit encore qu'on avait ici des nouvelles qu'un général russe qu'on ne nommait“



1 Vergl. Bd. XII, 508.

2 Vergl. Bd. XII, 420.

3 Vergl. S. 15. 41.

4 Lord Stormont.

5 Vergl. S. 25.

6 Vergl. S. 5.

7 Vergl. Bd. XII, 457.

8 Stormont.

9 Vergl. Bd. XII, 331.