<480> trouée et des hauteurs qui dominent Lobositz, et dont je résolus de me servir le lendemain pour déboucher sur eux. La nuit mon armée arriva à Wellemin, où je me contentai de former les bataillons en ligne, les uns derrière les autres, et les escadrons de même.

Dès la petite pointe du jour du 1er d'octobre, je pris avec moi les principaux généraux et leur montrai le terrain du débouché que je voulais occuper avec mon armée, savoir l'infanterie en première ligne, occupant deux hautes montagnes et un fond qui est entre deux, 6 bataillons en seconde ligne, et toute ma cavalerie en troisième. Je fis toute la diligence possible pour bien appuyer mes ailes sur ces hauteurs en y mettant des flancs. L'infanterie de la droite gagna son poste, et je pris toutes les précautions pour la bien assurer, la regardant comme mon salut et comme la principale sûreté de l'armée. Ma gauche, en se formant, entra d'abord dans un engagement avec les pandours et les grenadiers de l'ennemi, postés dans des enclos de vignes fermés par des murailles de pierre.

Nous avançâmes de cette façon jusqu'à l'endroit où les montagnes versent vers l'ennemi, où nous vîmes la ville de Lobositz garnie par un gros corps d'infanterie, une grosse batterie de 12 pièces de canon devant et de la cavalerie formée en échiquier et en ligne entre Lobositz et le village de Sullowitz. Le brouillard était épais et tout ce que l'on pouvait distinguer, était une espèce d'arrière-garde de l'ennemi qui ne demandait qu'à être attaquée pour se replier sur ses derrières. Comme j'ai la vue mauvaise, j'ai consulté de meilleurs yeux que les miens pour me rendre compte de ce qui se passait, qui ont vu tout comme moi. J'ai envoyé pour les reconnaître, et tous les rapports que j'ai reçus, ont été conformes à ce que j'en avais jugé.

Après donc que je trouvai mes 24 bataillons placés dans cette trouée comme je le croyais convenable, je crus qu'il ne s'agissait plus que de faire repousser cette cavalerie qui était devant moi, et qui prenait toutes sortes de figures, comme vous en pourrez juger à peu près par le mauvais dessein que je vous envoie ci-joint. Sur cela, je fis déboucher 30 escadrons de cavalerie, qui attaquèrent celle de l'ennemi. Ils les poussèrent avec trop de vigueur et donnant dans le feu du canon ennemi. Ce qui, après une vigoureuse résistance, les obligea à se réformer sous la protection de mon infanterie. A peine cette attaque fut- elle passée, que mes 60 escadrons, sans attendre mes ordres et très fort contre ma volonté, attaquèrent une seconde fois. Un feu de 60 canons dans leurs deux flancs ne les empêchèrent pas de battre totalement toute la cavalerie autrichienne. Mais ils trouvèrent au delà de tout ce feu un terrible fossé qu'ils franchirent encore, au delà duquel et dans leur flanc gauche ils rencontrèrent de l'infanterie autrichienne, avec du canon, placée dans un autre fossé, dont le feu fut si fort qu'il les força de se retirer sous notre protection. Personne ne les poursuivit, et je profitai de ce moment pour les replacer sur la montagne