<497>vaise intention contre moi et des concerts qui ont été arrêtés en conséquence entre les deux cours de Vienne et de Dresde.

Ce sont là des circonstances qui prouvent ouvertement le dessein de la cour de Vienne de rompre avec moi, et qui m'ont forcé absolument à ne pas laisser derrière moi un corps de troupes saxonnes, et c'est principalement à cette fin que je suis entré en Saxe, où je me vois obligé de bloquer lesdites troupes, s'étant cantonnées dans un poste inattaquable. Je ne demande d'ailleurs rien au roi de Pologne et ne prétends acquérir pas même un pouce de large de ses États. Les bruits que Brühl fait courir1 de cruautés, de pillages commis et d'autres choses de cette nature, ne sont absolument pas fondés, et quant aux caisses de la Saxe, il a fallu s'en assurer pour ôter par là les moyens aux troupes saxonnes de subsister et de se mouvoir contre moi. Il ne s'agit donc que de ces troupes, et j'ai tous les égards et considérations possibles pour la personne de Sa Majesté Polonaise, à laquelle, nonobstant la bloquade desdites troupes, auprès desquelles ce Prince a trouvé bon de se rendre, j'ai ordonné qu'on passât tous les vivres demandés de sa part pour le service de sa table,2 tout comme, d'un autre côté, j'ai fait payer à la reine de Pologne les sommes qu'elle a sollicitées comme des arrérages qui lui étaient dus.3

Quant au reste, pour ce qui concerne des fourrages et vivres qu'on a demandés au pays de Saxe, ce sont là des articles indispensables à une armée, et il ne s'est rien fait à cet égard qui ne se pratique en toute guerre où les choses se font avec la régularité la plus scrupuleuse au monde.

Ce sont là les objets que le comte Brühl a si fort grossis et amplifiés à l'infini envers la Dauphine et la cour de France, lui dont chacun sait combien peu il mérite croyance. Pour conclusion, il m'est inconcevable comment on puisse prétendre en France que je reste coi sans rien faire, et que je souffre patiemment qu'on me lie poings et pieds, pendant que la cour de Dresde conclut un traité de partage de mes États4 et remue ciel et terre contre moi, de même comment la France puisse pencher ainsi tout entière d'un côté, sans ne vouloir avoir le moindre égard à l'autre. Ce sont là des choses que vous direz à des personnes équitables, et qui ne sont pas tout-à-fait préoccupées, et que vous glisserez même dans le public pour l'adoucir et empêcher qu'il ne soit entièrement prévenu contre moi.

Au demeurant, vous veillerez avec une attention extrême sur les arrangements militaires de la France, et vous aurez soin de faire en sorte que vos dépêches immédiates traitent principalement de ces arrangements et de ce qui a du rapport au militaire.5



1 Vergl. S. 493.

2 Vergl. S. 422.

3 Vergl. S. 473.

4 Vergl. S. 413.

5 Vergl. S. 434.