<526> Rouillé sous la foi de votre honneur, en sorte que, si jamais il vérifiait, à la suite du temps qu'il y avait eu jusqu'au moment que vous lui parliez, quelque autre traité fait entre moi et l'Angleterre que la convention susdite, vous vous déclareriez indigne de sa confidence, quoique vous ne sauriez répondre que, si la France continuait à se déclarer si hautement contre moi, je ne puisse entrer en d'autres traités avec l'Angleterre.

Que, quant à la guerre que j'avais été obligé de faire contre l'Autriche, vous pouviez l'assurer fermement que ce n'avaient pas été ni ambition, ni cupidité, ni dépit ni désir de m'agrandir ou de faire des acquisitions, ni inspirations de qui que ce soit qui m'y avaient mené, et que je pouvais attester le Ciel que l'unique raison qui m'y avait entraîné, étaient les complots dangereux que la cour de Vienne ourdit presque tout à l'entour de moi, et ses mauvais desseins qu'elle faisait éclater, et que j'ai cru ne pouvoir plus arrêter qu'en la prévenant, avant que je me trouvais mains et pieds liés devant elle, comme c'était son dessein. Que M. de Nivernois me rendrait en honnête homme le témoignage combien mes sentiments étaient pacifiques, quand il fut présent à Berlin, et que je n'avais contracté la convention avec l'Angleterre que dans le dessein de conserver la paix en Allemagne et d'éviter par là les occasions d'être commis avec la cour de Vienne et ses alliés; que, d'ailleurs, M. de Rouillé me rendrait tant de justice que, si jamais j'avais eu envie de rompre de gaieté de cœur ou par quelques vues intéressées avec la maison d'Autriche, je ne l'aurais pas fait dans un temps où elle venait de faire une alliance avec la France, et que par conséquence il a fallu que les motifs ont été bien pressants qui m'ont forcé à entreprendre cette guerre pour ma sûreté, avant que d'être tout-à-fait prévenu. Que les déclarations pressantes que j'avais fait demander à l'Impératrice-Reine à différentes reprises,1 étaient encore de sûrs garants de la sincère intention pour conserver la paix, qu'il n'aurait dépendu de la Reine-Impératrice que de me prendre au mot en déclarant ce dont je la priais, et que tout le monde aurait été alors témoin de la droiture de mes intentions. Que c'était une illusion tout pure que de dire que j'avais fait demander cette déclaration à main armée, que du temps que j'en fis demander la première et la seconde fois, il ne fut question d'aucun mouvement de mes troupes, tous les régiments étaient tranquilles dans leurs quartiers, et si je ne négligeais de me tenir prêt contre toute insulte inopinée, c'était au temps que tout le monde m'avertissait des grands préparatifs de guerre qu'on faisait en Bohême et en Moravie, et des régiments qu'on y faisait successivement défiler.

Vous ne dissimulerez pas, en expliquant tout ceci à M. de Rouillé, que, si la France l'avait voulu, elle aurait pu arrêter alors tout cet in-



1 Vergl. Nr. 7722. 7795. 7914.