<527>cendie, en faisant insinuer à la cour de Vienne de ne point se refuser à me donner cette réponse que je lui demandais pour me tranquilliser, mais que M. de Rouillé se souviendrait que, quand vous lui en aviez parlé, il avait hésité de vous répondre sur ce sujet.

Que, quant à ma démarche contre la Saxe par laquelle je me suis vu forcé à mon regret de commencer, je ne veux pas récapituler tous les motifs pressants et indispensables qui m'y ont obligé pour ne pas laisser sur mes derrières un ennemi qui, malgré toutes ses démonstrations d'amitié ou de neutralité, ne songeait qu'à me plonger le poignard dans le sein, quand il le saurait faire sans risque, qui avait fait un traité de partage de mes États1 et remuait partout à faire revivre ce traité, sans compter d'autres machinations sourdes sans cesse contre moi; je veux seulement donner à la considération de M. Rouillé le cas que, si l'Espagne, qui est alliée de la France, s'avisait de faire un traité de partage avec l'Autriche, au moyen duquel elle voudrait arracher le Roussillon et une partie du Béarn, si, dis-je, la France verrait tranquillement là-dessus et ne prendrait pas ses sûretés. Voilà mon cas avec la Saxe, et je ne puis que faire avec fermeté, et sans me laisser décontenancer, ce que j'ai été obligé d'entreprendre; car, n'ayant pas pu éviter leur mauvaise volonté, je me suis vu obligé de la prévenir et de tâcher de la désarmer, pour la mettre hors d'état d'exécuter ses pernicieuses intentions contre moi.

Nonobstant tout cela, je ne prétends rien, ni de la cour de Vienne, ni de la Saxe, et je serais toujours prêt d'entendre la voix de la paix et d'un accommodement, pourvu que cette paix soit sûre et permanente, en sorte que je ne me trouve pas toujours dans des appréhensions d'une nouvelle rupture. Qu'au reste, je n'avais d'autres raisons pour entrer en guerre que de prévenir les mauvais desseins contre moi, que je ne m'y étais point laissé entraîner par d'autres, que je n'avais point pris des subsides, ni n'en prendrais jamais,2 ce que vous devez dire tout naturellement à M. Rouillé.

Au reste, si vous n'êtes pas encore instruit des raisons pour justifier vis-à-vis de la cour de France la conduite que j'ai observée dans la conjoncture présente vis-à-vis du roi de Pologne, c'est bien la faute de mes ministres, à qui je viens de réitérer mes ordres pour le faire promptement;3 ils vous communiqueront en conséquence des pièces dont on a fait voir les originaux au marquis de Valory.4 Quant à la négociation entre moi et la Hollande, ma justification en est si claire qu'elle peut être, car si les Français se déclarent ouvertement contre moi, que me reste-t-il à faire que de rechercher l'amitié des Hollandais pour couvrir mes États de Clèves, et y a-t-il une chose plus naturelle et plus raisonnable que de préférer dans une telle situation la sûreté de mes susdits États à la convenance de la France?



1 Vergl. S. 413.

2 Vergl. S. 98.; Bd. XII, 468.

3 Vergl. Nr. 8175.

4 Vergl. S. 377.