<62>ment comme pouvant entraîner le Roi dans des entreprises qui seraient contraires à ses vues personnelles, mais aussi comme pouvant par les seuls exemples qu'Elle donne à ce Prince, et l'émulation que Sa conduite est capable d'inspirer, le tirer de l'état d'indolence et d'inaction dans lequel on cherche à l'entretenir. Elle n'a donc jamais été portée pour Votre Majesté en aucune occasion. Les ministres d'Angleterre et d'Autriche ont de tout temps été ceux qu'elle a le plus favorisés,1 et elle a saisi avec un empressement singulier l'évènement de la convention de neutralité conclue entre Votre Majesté et l'Angleterre, pour déterminer le Roi et le conseil à adopter le plan proposé à elle à différentes reprises par le comte de Kaunitz. Le sieur de Machault a de tout temps été entièrement dévoué à la Marquise; il suit en tout sa volonté et se conforme à son avis en toutes les occasions. Il est, ainsi qu'elle, ennemi juré du comte d'Argenson,2 et en cette qualité, ainsi qu'en celle de ministre de la marine, toutes les liaisons qui peuvent servir d'acheminement à une guerre de terre, lui répugnent singulièrement. Ce serait donc se faire une illusion bien grossière, que de le mettre au nombre des partisans de Votre Majesté. Mais, heureusement, il influe peu sur les affaires étrangères et est doué d'ailleurs de peu d'activité et d'expérience. Le maréchal de Belle-Isle a été de tout temps le partisan le plus zélé et le plus ardent de Votre Majesté qu'Elle ait eu dans ce pays-ci.3 Mais Sa convention de neutralité avec l'Angleterre a prodigieusement ralenti la chaleur avec laquelle il parlait autrefois en Sa faveur, et l'a d'autant plus affligé et humilié que c'était lui qui avait été le principal promoteur de la mission de M. de Nivernois,4 et qui avait rassuré le conseil sur les soupçons qu'on commençait déjà à avoir ici lors du départ de ce dernier.5 Cet évènement, joint à l'indisposition actuelle du Roi et de tout le conseil contre Votre Majesté, fera que le maréchal de Belle-Isle n'hasardera jamais d'ouvrir aucun avis en Sa faveur.“ Knyphausen meldet, Paris 2. Juli, in dem an das Ministerium und den König zugleich gerichteten Bericht, über die Absicht Frankreichs, ein Truppencorps nach Corsica zu entsenden, und über die Anbahnung von Verhandlungen Frankreichs mit Genua6 und Baiern7 zum Abschluss von Subsidienverträgen. Knyphausen meldet weiter, dass durch das Geschwader des Admirals La Galissonnière ein dänisches Fahrzeug aufgebracht worden sei. „Le ministre de Danemark … est extrêmement surpris de cet événement et craint fort qu'il ne fasse un fort mauvais effet à sa cour, après toutes les facilités qu'elle a apportées à l'armement qu'elle vient de faire,8 et auquel elle s'est uniquement prêtée en vue de complaire à la France. Plusieurs personnes pensent que l'Angleterre pourrait bien profiter de cet incident, pour semer de la mésintelligence entre les deux cours et tempérer la chaleur avec laquelle le Danemark a paru se prêter dans ces derniers temps aux vues de la France … La négociation de la France avec la cour de Madrid9 … est, selon toutes les apparences, beaucoup plus avancée qu'on ne le croit en Angleterre, et… l'intimité de l'ambassadeur d'Espagne avec M. Rouillé, l'abbé de Bernis et le comte de Starhemberg augmente de jour en jour. Le ministère d'Angleterre n'a donc pas un moment à perdre, s'il veut s'opposer à la réussite de cette négociation, ainsi que son intérêt l'exige.“

Potsdam, 13 juillet 1756.

J'ai reçu votre rapport du 2 de ce mois. Je suis très content de la relation immédiate que vous y avez jointe. Dans la conjoncture présente, il ne m'importe pas d'apprendre des choses agréables, mais de savoir des vérités; c'est pourquoi aussi vous ne devez point me ménager, mais me mander tout purement et naturellement les choses



1 Vergl. Bd. IX, 444; XI, 1

2 Vergl. Bd. X, 405; XII, 424.

3 Vergl. Bd. XII, 507.

4 Vergl. Bd. XI, 242.

5 Vergl. Bd. XI, 374.

6 Vergl. Bd. XII, 446.

7 Vergl. Bd. XII, 4S0.

8 Vergl. Bd. XII, 502.

9 Vergl. Bd. XII, 515.