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Majesté. Quelle que soit la façon de penser de la Russie, si cette puissance se tient attachée au système de l'Angleterre, les susdites liaisons pourront se prendre de concert avec elle; si, au contraire, elle adopte le système des Autrichiens, on se liera également avec Votre Majesté plus étroitement, sans la cour de Pétersbourg; ainsi, de quelque façon que cela tourne, Votre Majesté peut toujours être assurée que l'on entrera avec Elle non seulement dans toutes les liaisons les plus étroites que faire se pourra, mais, de plus, qu'on La soutiendra aussi efficacement que les forces et les ressources de cette couronne pourront le permettre … On soupçonne bien ici, à la vérité, que la cour de Vienne commence déjà à préparer ses matières, pour chercher à troubler l'Allemagne sous le prétexte de la religion,1 mais, en même temps, on ne croit pas encore qu'elle soit d'accord avec la France là-dessus; quoiqu'on ait eu des avis ici, que l'on a communiqués l'ordinaire dernier au sieur Mitchell, que les Français avaient envoyé des commissaires dans les États de l'électeur de Cologne, avec le dessein, à ce que l'on présume, de préparer des quartiers pour un corps de troupes, cependant on ajoute assez peu de foi à ces avis, et on les regarde d'un œil moins attentif que les menées sourdes de la cour de Vienne auprès des Princes catholiques de l'Empire. C'est pourquoi, comme ce sera suivant toutes les apparences sous le prétexte plausible de la religion que cette cour-là cherchera à mettre en exécution ses mauvais desseins, on prie Votre Majesté, comme on en fera autant d'ici, d'éviter dans le moment présent toute dispute là-dessus à la Diète de Ratisbonne, afin de diminuer par là, autant que faire se pourra, les arguments dont les Autrichiens se servent pour animer les Princes catholiques contre les liaisons de Votre Majesté avec Sa Majesté Britannique.“

la Russie leur manque, comme j'ai presque une conviction certaine que celle-ci leur manquera, il n'y aura d'autre moyen alors, pourvu qu'ils veuillent se soutenir, que de songer de bonne heure à opposer une partie de l'Europe à l'autre, afin que nous ravions la balance. J'ai donné un mémoire détaillé là-dessus au sieur Mitchell,2 qui apparemment l'aura envoyé aux ministres. En attendant, ils verront en peu ce qu'ils auront à se promettre de la Russie ou non; mais ce qui m'en paraît de mauvais augure, c'est que j'apprends que le sieur Mackenzie ou le nommé Douglas est sur le point de prendre un caractère public, ce qui marque au moins que sa négociation va sur un bon pied, puisque, sans cela, il ne voudra pas prendre un caractère et se faire accréditer publiquement. D'ici, on entendra apparemment bientôt du bruit tant sur les préparatifs de guerre que les Autrichiens font dans leur pays avec un empressement peu commun, que sur les mesures et les arrangements que je me vois obligé de faire à mon tour pour ma sûreté; à dire jusqu'où les Autrichiens pousseront leurs desseins, voilà ce que je ne saurais dire présentement, mais que fort peu de temps nous éclaircira. Toutefois, vous direz aux ministres anglais que je serai leur allié qui ne leur sera pas à charge.

Comme3 ils me demandent mon sentiment sur quelle manière doivent s'expliquer à Ratisbonne nos ministres touchant les affaires de la religion, je leur dirai que, selon mon opinion, il ne nous convient



1 Vergl. Bd. XII, 511.

2 Vergl. Bd. XII, 472.

3 Der folgende Abschnitt liegt in einem eigenhändigen Concept mit der Weisung „Michell à Londres“ vor.