<81> présent en canons de grand et petit calibre et en mortiers, non compris l'artillerie de campagne, 268 pièces.

Chaque régiment d'infanterie a eu ordre de préparer et charger un million de cartouches de fusil.

La plupart des régiments d'infanterie ont été rendus complets par des recrues du pays. La cavalerie a été pareillement recrutée et remontée, elle a aussi eu ordre de se pourvoir d'équipages nécessaires de campagne.

Tout ceci se fait provisionnellement au cas d'un campement. En attendant, il n'y a encore rien de certain, ni d'un camp à assembler, ni des préparatifs pour former des magasins. Les commissaires des vivres ont eu ordre de prendre leurs mesures à cet égard, en n'achetant rien encore, pour pouvoir, le cas échéant, fournir les grains, l'avoine, le foin et la paille pour neuf mois pour 60,000 hommes. On répare les chemins jusqu'à Werdenau. Le prince de Liechtenstein est occupé à Budweis en Bohême à exercer le corps d'artillerie de campagne et à faire la répartition de l'artillerie de campagne, pour que chaque régiment puisse, en cas de besoin, recevoir sans délai ses canons.

On a construit à Olmiitz, Brünn, Prague, Znaim 900 pièces de caissons et chariots de munitions, lesquels, ainsi que les pontons, se trouvent tout prêts à Prague.

Tout le monde parle de campements, mais on ignore jusqu'à présent comment et où ils se feront, aucun des régiments n'en a la moindre connaissance non plus.

Toute la gent autrichienne regarde la guerre comme inévitable et croit qu'on ne la diffère que jusqu'à ce qu'on se soit concerté avec la Russie, ce dont on se flatte beaucoup.

L'Empereur, l'ambassadeur de France et les comtes de Kaunitz et de Neipperg ne pensent et ne s'occupent à autre chose qu'à tâcher de persuader à l'Impératrice-Reine de se rendre à présent maîtresse de la Silésie. L'ambassadeur de France doit même lui avoir dit que, pour l'amour de Dieu, elle devait profiter dans la conjoncture présente de l'occasion qui se présentait de recouvrer la Silésie, puisqu'elle ne la retrouverait peut-être pas de cent ans, et que l'Impératrice pouvait compter sur le secours de la France. Le maréchal de Neipperg appuie ceci de toutes ses forces. Tout le monde compte sur l'assistance de la Russie.

Qu'on avait destiné encore pour l'armée de Bohême dix régiments d'infanterie, six de cavalerie, deux de dragons, quatre d'hussards et six régiments de Croates et de Warasdins, mais qu'il n'avaient encore eu aucun ordre pour se mettre en marche.

Qu'en Moravie on enverrait encore sept régiments d'infanterie, quatre de cavalerie, deux de dragons et trois d'hussards.

Que le commandement des deux armées en chef était destiné au prince Liechtenstein et que les maréchaux Browne et Daun commanderaient sous lui. Le comte de Neîpperg doit avoir écrit à un de ses amis  : « C'est à présent l'heureux moment pour prendre revanche de la perte de notre chère Silésie. »

Qu'au reste on faisait en Bohême, sur les frontières de la Saxe, des amas considérables pour former des magasins.

Que les personnes sensées, et qui étaient à même de pénétrer les affaires, étaient du sentiment que l'armée autrichienne resterait dans l'inaction, jusqu'à ce que la France, comme on le présume certainement, entamât inopinément les pays d'Hanovre, que, pour lors, on était résolu de faire entrer trois corps d'armée en Silésie, l'un par la Moravie, l'autre par Trautenau et le troisième par la Saxe.1

Extrait d'une lettre du 12 de ce mois.2

Sa Majesté Prussienne saura si la situation des affaires à la cour de Pétersbourg permet de prévenir la cour de Vienne, qui sûrement est dans le dessein de L'attaquer aussitôt que possible.



1 Die Herkunft des Schreibens ist mit absoluter Sicherheit nicht mehr fest zustellen.

2 Vergl. Nr. 7707.