7675. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE MALTZAHN A DRESDE.

Maltzahn berichtet in einem Postscript, Dresden 2. Juli, auf Grund eines Berichtes Prasse's an Brühl, d. d. Petersburg 7. Juni, über die Unterhandlungen Oesterreichs und Englands am russischen Hofe.46-4

Maltzahn meldet, Dresden 6. Juli, auf Grund von Berichten Flemming's an Brühl, d. d. Wien 19. und 22. Juni: Le comte Flemming „dit qu'il pénétrait moins que jamais le but de l'Autriche dans sa nouvelle alliance avec la France; qu'on ne voulait à la vérité la faire envisager que comme nécessaire pour la sûreté des Pays-Bas autrichiens, trop exposés par le traité de Votre Majesté avec l'Angleterre; mais qu'un simple acte de neutralité aurait suffi pour cela; qu'ainsi l'alliance défensive qui l'accompagnait, devait viser à des vues encore inconnues; qu'il se confirmait dans ce soupçon par l'avis secret très positif qu'il venait d'avoir, qu'avant la conclusion du traité de Votre Majesté et déjà au mois de novembre de l'année dernière, le comte Starhemberg avait été autorisé d'entamer une négociation à Versailles sur ce sujet;46-5 que cette découverte ne le mettait que plus à l'aise pour approfondir le véritable objet des engagements en question, auxquels la France paraissait avoir attiré la cour de Vienne par une perspective flatteuse qui se terminerait peut-être par des illusions qui disparaîtraient, dès que la France aurait atteint son but; qui, si elle<47> renouait avec l'Espagne avec la concurrence de l'Autriche, qui y paraissait disposée, et que ces deux puissances enlevassent encore à l'Angleterre Gibraltar, après la prise de Port-Mahon,47-1 elles seraient les arbitres du sort de l'Italie, après avoir débusqué l'Angleterre de la Méditerranée, saus que l'Autriche, abandonnée à elle-même, puisse ensuite s'opposer aux forces réunies des deux branches de la maison de Bourbon; qu'elle perdrait même ensuite les Pays-Bas, qu'encore, sans le secours des Puissances maritimes, elle ne possédait que précairement, le dessein de la cour de Madrid n'étant que de réunir avec la monarchie les parcelles en détachées par la paix d'Uttrecht … [Le comte Flemming] accuse ensuite la dépêche du comte Brühl qui l'a instruit des ouvertures générales et obscures du chancelier Bestushew au secrétaire Prasse,47-2 au sujet de l'armement de la Russie, et dit qu'il voyait bien que le Chancelier devenait aussi plus réservé et plus mystérieux sur les intentions de sa cour; que cette retenue était très conforme à celle qu'on observait à Vienne à cet égard, où l'on donnait toujours à entendre que l'on n'avait d'autre dessein que de rester tranquille et de se préparer à tous les évènements que les conjonctures présentes feraient naître … Le comte Flemming ayant parlé au comte Kaunitz au sujet de l'armement de la Russie, ce dernier s'est expliqué là-dessus avec tant de mystère, d'obscurité et d'incertitude qu'il croyait que c'était ou pour lui donner le change, ou que peut-être on avait reçu des avis de Pétersbourg qui ne confirmaient pas les bonnes espérances qu'on avait d'abord conçues des favorables dispositions d'amitié et de fermeté que la Russie avait pour la cour de Vienne.“ 47-3

Maltzahn berichtet ferner, Dresden 5. Juli: „On est ici fort alarmé par les informations qui doivent être venues des armements de Votre Majesté. Le ministre d'Angleterre47-4 que j'ai vu ce matin, m'a confirmé ce que je venais d'apprendre de plusieurs endroits. Il me dit qu'on lui avait parlé de trois camps que Votre Majesté allait assembler, l'un en Silésie, le second dans le Magdebourg47-5 et le troisième en Poméranie.47-6 Que, de plus, on prétendait savoir pour sûr que Votre Majesté avait tiré beaucoup d'argent de son trésor, ce qu'on regardait comme une preuve sûre qu'Elle allait commencer la guerre, puisque, dès qu'Elle n'aurait d'autre intention que celle de faire camper Ses armées, Elle n'avait pas besoin de toucher à Son trésor, ayant des fonds affectés pour cela. Que ces nouvelles et celles du rappel des généraux et autres officiers de Votre Majesté qui avaient été au Karlsbad,47-7 persuadaient tout le inonde que Votre Majesté allait commencer la guerre, et qu'il ne doutait pas que le sieur Gross n'eût déjà pris le soin d'en instruire sa cour. Qu'on l'avait47-8 beaucoup questionné sur tout ceci, et que sa réponse avait été qu'il n'en était aucunement instruit. Qu'il n'avait encore reçu aucune lettre de sa cour, que, celle-ci restant, au reste, fortement liée avec celle de Pétersbourg, il ne saurait croire que sa cour qui n'avait point d'alliance offensive avec Votre Majesté, fût d'accord avec Elle sur le projet qu'on Lui supposait d'attaquer l'Impératrice-Reine, qui en ce cas réclamerait et obtiendrait des secours de la Russie son alliée. Il ajouta encore que la peur que la Saxe avait pour elle-même, était augmentée par les représentations de ceux qui y avaient intérêt, et qu'on leur réprésentait qu'ils ne sauraient se promettre aucun ménagement de la part de Votre Majesté … Il est certain que les inquiétudes sont extrêmes ici et les pourparlers avec le comte et la comtesse de Sternberg sans fin, celle-ci se mêlant plus des affaires que son mari. On a fait venir aujourd'hui le comte Rutowski de la campagne où il se tient en été, et, à ce que j'ai appris, le comte Sternberg doit donner des espérances sur un accommodement par rapport aux différends de commerce que la Saxe a avec sa cour,47-9 et sur lesquels cette dernière s'est montrée très roide jusqu'ici, de sorte que, si elle veut se relâcher, cela ne peut être que dans l'intention d'attirer la Saxe dans son parti … [Le sieur Stormont] m'a dit encore qu'on avait ici des nouvelles qu'un général russe qu'on ne nommait<48> pas, devait être arrivé à Potsdam, où il aurait été présenté à Votre Majesté, mais qu'on n'y ajoutait point foi.“

Potsdam, 10 juillet 1756.

Tous les rapports que vous m'avez faits depuis le 2 jusqu'au 6 de ce mots, et que vous aviez confiés en partie au lieutenant-général Schmettau et au maréchal Keith,48-1 m'ont été bien rendus.

J'ai été d'abord bien aise d'apprendre que vous avez parlé au sieur Stormont;48-2 aussi, autant qu'il sera convenable, vous cultiverez sa confiance et son amitié et agirez de concert avec lui, ne fût-ce au commencement que pour tirer des nouvelles de lui.

J'ai été d'ailleurs très satisfait de la communication que vous m'avez faite par votre post-scriptum du 2 des nouvelles de Russie, et de celles de Vienne dont j'ai été instruit par votre dépêche du 6, qui m'ont répandu beaucoup de lumières sur bien des choses que j'avais de la peine à démêler. Dans ce moment présent, vous ne sauriez me rendre un service plus essentiel que de me fournir, autant qu'il sera possible, de bonnes et de fraîches nouvelles de Vienne et de Pétersbourg, surtout après que j'ai appris, par des lettres de ce dernier lieu du 19 et du 2248-3 de juin, qu'on y avait contremandé tout d'un coup tout armement de guerre, tant par terre que par mer, et qu'on renvoyait les troupes qui étaient en marche vers la Livonie, sans cependant que lesdites lettres eussent fait aucune mention des raisons qui avaient motivé la cour de Russie à faire cette démarche.

Pour ce qui regarde votre dépêche du 5 que l'ordinaire dernier m'a apportée, j'ai trouvé un peu extraordinaire les alarmes qu'on a prises, à ce que vous me marquez, sur mes prétendus armements et sur le dessein qu'on m'attribue de vouloir assembler trois camps, savoir en Silésie, dans le Magdebourg et en Poméranie. Mon intention est que vous devez assurer positivement à tous ceux qui vous en parleront, qu'il ne s'agissait certainement et absolument point d'aucun camp à former et qu'il ne s'était agi dans le mouvement que quelques-uns des régiments avaient fait ici, que d'un changement des quartiers entre ces régiments,48-4 assez ordinaire d'ailleurs aux troupes autrichiennes, qui en faisaient chaque année, sans que personne en ait pris jamais l'alarme, de sorte qu'il devait être libre à moi de faire en mes États ce que d'autres puissances faisaient dans les leurs, sans que personne en prit ombrage.

Qu'il faudrait bien d'ailleurs que, parmi un tel changement des quartiers, les officiers congédiés pour quelque temps revinssent à leurs régiments,48-5 et que, généralement, on ne saurait comprendre quel sujet d'ombrage saurait donner un pareil arrangement. Vous ajouterez d'une<49> façon un peu froide envers ceux auxquels il le conviendra, que raisonnablement on ne saurait trouver rien à redire que je prenne quelques arrangements pour la sûreté de mes États, tandis que d'autres puissances, à ce qui était connu à tout le monde, faisaient défiler force de troupes pour former de grands campements vis-à-vis de mes frontières, et qu'on ne saurait pas disconvenir que le cas, quand je faisais marcher peu de régiments en Poméranie, en en retirant d'autres, était bien différent, à ce qu'on apprenait, de ce qui se passait en Courlande et en Bohême. Quant à mes généraux et officiers qui avaient été au Karlsbad, il ne s'était agi d'aucun rappel, mais qu'il était bien naturel qu'ils en revinssent, après que leur cure et le temps de leur congé étaient finis.

Pour ce qui regarde le lord Stormont, vous tâcherez de calmer au mieux ses inquiétudes, en attendant qu'il aura des nouvelles du sieur Mitchell; je suis cependant bien aise de vous faire observer à cette occasion qu'il faut bien qu'il soit un peu neuf aux affaires et qu'il soit dépourvu encore de bonnes instructions de sa cour, puisqu'en tout ce qu'il vous a dit sur les affaires, il m'a paru qu'il n'a fait que l'écho de ce que le sieur Gross lui a inspiré.

Au surplus, c'est à présent que les rapports de Pétersbourg, tout comme ceux de Vienne, deviendront fort intéressants, c'est pourquoi vous tâcherez de vous en procurer au possible, afin que je sache juger par là si l'une ou l'autre des deux cours voudra encore tenter quelque entreprise dans le courant de l'année présente, ou si elle s'écoulera tranquillement encore.

Comme il a couru un bruit vague ici que la France avait accordé des subsides à la cour de Dresde et lui a fait faire de fortes remises en argent, je ne crois rien à la vérité de ce bruit; malgré cela, vous ferez bien d'éclairer ce bruit et d'avoir l'œil là-dessus. Vous aurez, d'ailleurs, une attention scrupuleuse sur toutes les dispositions que les Saxons s'avisent de faire, et s'ils font assembler des magasins et auxquels lieux; aussi crois-je que, dans les recherches que vous ferez làdessus, vous saurez vous servir bien utilement du major Henning.49-1

Federic.

Nach dem Concept.



46-4 Diese Meldungen sind im Auszuge am 8. Juli an Mitchell mitgetheilt worden. Vergl. Nr. 7669.

46-5 Vergl. Bd. XI, 477.

47-1 Vergl. Bd. XII, 508.

47-2 Vergl. Bd. XII, 420.

47-3 Vergl. S. 15. 41.

47-4 Lord Stormont.

47-5 Vergl. S. 25.

47-6 Vergl. S. 5.

47-7 Vergl. Bd. XII, 457.

47-8 Stormont.

47-9 Vergl. Bd. XII, 331.

48-1 Beide Generale kehrten von Karlsbad über Dresden zurück. Vergl. Bd. XII, 457.

48-2 Vergl. die Königlichen Weisungen Bd. XII, 421. 462.

48-3 In der Vorlage verschrieben: 23. Vergl. S. 15. 41.

48-4 Vergl. S. 5; Bd. XII, 463.

48-5 Vergl. Bd. XII, 457. 463.

49-1 Vergl. Bd. X, 153; XII, III. 485.