7695. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.

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Michel! berichtet, London 2. Juli: „Je me suis entretenu ces jours-ci avec les ministres de cette cour sur le contenu des derniers ordres de Votre Majesté,65-2 qui ont été charmés d'apprendre qu'Elle continuait dans la ferme résolution de soutenir Ses engagements avec l'Angleterre à tout événement. L'on est dans de pareils sentiments ici à l'égard de Votre Majesté, mais l'on y croit que, vu la position présente des affaires générales et en particulier celle où l'on se trouve être vis-à-vis de la Russie, il ne conviendrait dans le moment présent pour le bien de la cause commune de prendre des liaisons ostensibles plus fortes et encore plus solides avec Votre Majesté [jusqu'à ce] que, préalablement, on ne vît un peu plus clair dans la conduite de la cour de Pétersbourg, et cela uniquement de crainte de donner davantage de jalousie à cette cour-là; mais, dès l'instant qu'on saura à peu près à quoi s'en tenir avec elle, on sera charmé alors d'entrer dans des liaisons plus étroites avec Votre

Potsdam, 13 juillet 1756.

Les dépêches que vous m'avez faites du 29 de juin et du 2 de juillet, m'ont été fidèlement rendues. Je suis dans de fortes appréhensions que le ministère britannique ne se fasse amuser encore par les Russes, et qu'ils n'en espèrent dont, au bout du compte, il ne sera rien. D'ailleurs, je m'aperçois par tout ce que vous m'en avez marqué dans votre dépêche, et vous en parlerez aux ministres, qu'ils répugnent de changer tout leur système et que leur intention est de ramener les choses dans le train où elles étaient autrefois; sur cela je ne saurais pas les condamner. En attendant, je les prie de réfléchir que, quand ils verront que

Majesté. Quelle que soit la façon de penser de la Russie, si cette puissance se tient attachée au système de l'Angleterre, les susdites liaisons pourront se prendre de concert avec elle; si, au contraire, elle adopte le système des Autrichiens, on se liera également avec Votre Majesté plus étroitement, sans la cour de Pétersbourg; ainsi, de quelque façon que cela tourne, Votre Majesté peut toujours être assurée que l'on entrera avec Elle non seulement dans toutes les liaisons les plus étroites que faire se pourra, mais, de plus, qu'on La soutiendra aussi efficacement que les forces et les ressources de cette couronne pourront le permettre … On soupçonne bien ici, à la vérité, que la cour de Vienne commence déjà à préparer ses matières, pour chercher à troubler l'Allemagne sous le prétexte de la religion,66-1 mais, en même temps, on ne croit pas encore qu'elle soit d'accord avec la France là-dessus; quoiqu'on ait eu des avis ici, que l'on a communiqués l'ordinaire dernier au sieur Mitchell, que les Français avaient envoyé des commissaires dans les États de l'électeur de Cologne, avec le dessein, à ce que l'on présume, de préparer des quartiers pour un corps de troupes, cependant on ajoute assez peu de foi à ces avis, et on les regarde d'un œil moins attentif que les menées sourdes de la cour de Vienne auprès des Princes catholiques de l'Empire. C'est pourquoi, comme ce sera suivant toutes les apparences sous le prétexte plausible de la religion que cette cour-là cherchera à mettre en exécution ses mauvais desseins, on prie Votre Majesté, comme on en fera autant d'ici, d'éviter dans le moment présent toute dispute là-dessus à la Diète de Ratisbonne, afin de diminuer par là, autant que faire se pourra, les arguments dont les Autrichiens se servent pour animer les Princes catholiques contre les liaisons de Votre Majesté avec Sa Majesté Britannique.“

la Russie leur manque, comme j'ai presque une conviction certaine que celle-ci leur manquera, il n'y aura d'autre moyen alors, pourvu qu'ils veuillent se soutenir, que de songer de bonne heure à opposer une partie de l'Europe à l'autre, afin que nous ravions la balance. J'ai donné un mémoire détaillé là-dessus au sieur Mitchell,66-2 qui apparemment l'aura envoyé aux ministres. En attendant, ils verront en peu ce qu'ils auront à se promettre de la Russie ou non; mais ce qui m'en paraît de mauvais augure, c'est que j'apprends que le sieur Mackenzie ou le nommé Douglas est sur le point de prendre un caractère public, ce qui marque au moins que sa négociation va sur un bon pied, puisque, sans cela, il ne voudra pas prendre un caractère et se faire accréditer publiquement. D'ici, on entendra apparemment bientôt du bruit tant sur les préparatifs de guerre que les Autrichiens font dans leur pays avec un empressement peu commun, que sur les mesures et les arrangements que je me vois obligé de faire à mon tour pour ma sûreté; à dire jusqu'où les Autrichiens pousseront leurs desseins, voilà ce que je ne saurais dire présentement, mais que fort peu de temps nous éclaircira. Toutefois, vous direz aux ministres anglais que je serai leur allié qui ne leur sera pas à charge.

Comme66-3 ils me demandent mon sentiment sur quelle manière doivent s'expliquer à Ratisbonne nos ministres touchant les affaires de la religion, je leur dirai que, selon mon opinion, il ne nous convient

 

pas de mollir, ni de changer de conduite; le ministère autrichien, rempli d'orgueil et de fierté, attribuerait notre modération à la crainte qu'il nous inspire, et les Princes protestants l'attribueraient à la faiblesse. Si nous sommes fondés, comme cela est notoire, à soutenir les droits et immunités des Protestants, pourquoi nous départir de ces droits qui nous appartiennent? est-ce pour ôter des prétextes à la cour de Vienne? Je réponds que, si elle en cherche, elle ne manquera pas d'en trouver; mais il se peut faire que notre généreuse fermeté leur en impose. Pour moi, je ne serai jamais de ceux qui proposent des avis timides; quand on a le droit de son côté, il faut, à ce qui me semble, aller tête levée; c'est dans des moments critiques que notre assistance peut servir aux Protestants; lorsqu'ils n'ont rien à craindre, notre appui leur devient inutile.

Quant au désir de Sa Majesté Britannique de donner des marques d'amitié de ma part au margrave d'Anspach, qu'il croit être altérée à cause des liaisons qu'il avait prises avec Sadite Majesté,67-1 vous direz aux ministres que je n'avais jamais mis quelque chose à la charge du Margrave pour avoir pris de pareils engagements, mais que la raison de nos différends avait été parcequ'il y a des pactes de famille avec la branche des margraves en Franconie,67-2 en conséquence desquels on ne prend point des liaisons par des traités publics, sans en faire communication aux autres branches. Et comme le Margrave avait hésité de faire communication du traité en question, je n'avais pas pu autrement que de relever cette omission envers ledit Margrave, mais qu'indépendamment de cela je me ferais toujours un véritable plaisir de me conformer aux désirs de Sa Majesté Britannique.

Federic.

Nach dem Concept, zum Theil eigenhändig. Vergl. S. 66 Anm. 3.



65-2 Immediaterlasse vom 15. und 19. Juni. Vergl. Bd. XII, 419. 430.

66-1 Vergl. Bd. XII, 511.

66-2 Vergl. Bd. XII, 472.

66-3 Der folgende Abschnitt liegt in einem eigenhändigen Concept mit der Weisung „Michell à Londres“ vor.

67-1 Vergl. Bd. XI, 391. 392.

67-2 Vergl. Bd. XI, 409. 410; XII, 502.