7746. AU MINISTRE DE LA GRANDE-BRETAGNE MITCHELL A BERLIN.

Mitchell schreibt, Berlin 22. Juli: „Il vient de passer ici un courrier de Pétersbourg, parti le 10, qui m'apporte des lettres du 6 et 9 du courant.

Mon zèle pour le service de Votre Majesté m'oblige, sans perdre un moment de temps, à faire un rapport fidèle du contenu de ces lettres.

Le chevalier Williams marque que l'ordre de l'Impératrice avait été donné pour le retour des troupes qui marchaient vers la Livonie, et il donne pour raison de ce contre-ordre la disette qu'il y avait dans ce pays-là, etc.; il ajoute aussi que la flotte à Kronstadt était entièrement désarmée.

Le courrier, lequel j'ai questionné exprès, me dit avoir rencontré, le 11 de ce mois, à quatre milles en deçà de Narva, le dernier régiment qui retournait vers Pétersbourg avec environ 1,000 chariots de bagage etc.

M. Williams dans ses lettres raconte plusieurs conversations qu'il a eues avec le Grand-Chancelier, par lesquelles il paraît que lui, Williams, et le Grand-Chancelier sont bien ensemble, que le Chancelier craint le crédit de la France, mais qu'il ferait son possible pour empêcher l'accession de sa cour au traité de Versailles, qui d'ailleurs n'avait pas encore été communiqué.

Le bruit courait à Pétersbourg que le roi de France devait y envoyer un ambassadeur, et que le choix pourrait tomber sur le duc de Mirepoix, le marquis de Bonnac ou le marquis d'Havrincour.

Dans la conversation que Williams avait le 9 avec le Grand-Chancelier, après avoir recommandé la patience, le sang-froid et la bonne conduite à Williams, il lui donna les assurances les plus fortes qu'il résistera à tous les efforts de la France, de la manière la plus déterminée, mais il faut, dit-il, du temps et de la patience, et vous pouvez dire au Roi de ma part que je suis résolu et à présent en état de<113> ramener cette cour à la façon juste de penser, et je n'ai point de doute de l'accomplir en six mois au plus tard.

Il y a quelque temps que Williams a eu une conversation avec le Vice-Chancelier, qui lui a allégué deux mauvaises raisons pourquoi il était contre l'Angleterre: 1° parcequ'on avait publié dans les gazettes de Hollande le traité entre l'Angleterre et la Russie; 2° parceque le roi de la Grande-Bretagne avait fait un traité avec Votre Majesté, sans consulter la Russie.113-1

Je ne veux pas incommoder Votre Majesté de la réponse de l'ambassadeur à de si belles raisons.

Williams dit que, le 7 de ce mois le carrosse du Vice-Chancelier s'étant versé, il en fut beaucoup meurtri et qu'il gardait sa chambre depuis.

J'ai l'honneur d'être avec la vénération la plus sincère et la plus respectueuse de Votre Majesté le très humble et très obéissant serviteur

Andrew Mitchell.“

Potsdam, 24 juillet 1756.

Je suis tout-à-fait sensible, Monsieur, à l'attention obligeante que vous avez eue de me marquer par votre lettre du 22 de ce mois le précis des lettres qu'un courrier du chevalier Williams vous a apportées. Quoique je sois bien aise d'en avoir appris que toute espérance n'est pas encore perdue pour ramener la cour de Russie, je ne veux cependant vous cacher ma surprise de ce que je n'y ai pas trouvé mot qui regarde mon sujet, ni rien sur quoi je pourrais compter vis-à-vis de la Russie.

Au surplus, voici encore un avis qui m'est venu hier touchant un camp que les Autrichiens doivent avoir dessein de former aux environs d'Égra en Bohême, mais que je ne saurais autrement donner que tel que je l'ai reçu. Sur ce, je prie Dieu etc.

Federic.

J'en ai reçu bien d'autres encore,113-2 il ne me reste plus que pre venire quam preveniri.

Ce 18 juillet 1756.

Il n'est que très certain, ainsi que je viens d'apprendre dans ce moment, que les troupes autrichiennes formeront un camp aux environs d'Égra. Ce camp a été tracé effectivement près de la petite ville de Mies, et les troupes pourraient bien y entrer dans le courant de cette semaine, parceque des personnes bien sûres, qui sont arrivées de ces endroits ici, ont confirmé la chose. La petite ville de Mies est située dans le cercle de Pilsen à cinq ou six lieues d'Égra. On débite que ce camp doit être renforcé par un corps de troupes françaises; ce bruit cependant est incertain par la raison qu'on n'a point ici de nouvelle d'aucun mouvement des troupes en Alsace; on a seulement appris que quelques régiments de la répartition d'Alsace et de Lorraine étaient défilés du côté de Grenoble dans la Dauphiné, pour y renforcer le camp qu'on y forme.

Das Schreiben — der Zusatz eigenhändig — und die Beilage nach der Ausfertigung im Public Record Office zu London.

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113-1 Vergl. Bd. XII, 336.

113-2 Vergl. unter Anderem S. 80. 81. 95. 110. 111. 114.