7774. AU MINISTRE DE LA GRANDE-BRETAGNE MITCHELL A BERLIN.

Mitchell schreibt, Berlin 27. Juli: „Je prends la liberté d'envoyer à Votre Majesté le projet de ma lettre au chevalier Williams.142-1 Comme la matière est délicate, j'ai cru de mon devoir de le communiquer à Votre Majesté, afin de savoir si j'ai bien compris Son idée, La suppliant très humblement de vouloir bien m'indiquer les défauts qui pourraient s'y trouver.

Projet d'une lettre à M. le chevalier Williams.

J'envoie ci-inclus à Votre Excellence l'extrait d'une lettre que je reçus dernièrement de Londres. J'ai eu l'honneur d'en communiquer le contenu à Sa Majesté le roi de Prusse, qui a bien voulu se prêter aux vues du Roi notre maître jusques à consentir que je dépêchasse ce courrier à Votre Excellence, pour Lui signifier qu'Elle pourra au nom du Roi assurer l'impératrice des Russies que le roi de Prusse a déclaré au Roi, de la manière la plus expresse, que les préparatifs militaires qu'il fait présentement, ne regardent que sa propre sûreté, et que, loin de vouloir agir offensivement contre la Czarine, il serait porté, au contraire, d'entrer dans des liaisons d'amitié avec Sa Majesté Impériale, conjointement avec le Roi notre maître.

Il serait superflu de recommander à Votre Excellence l'attention que demande une affaire de cette importance, et que le Roi a tellement à cœur; je La prierai seulement d'y mettre toute la diligence possible et de m'informer au plus tôt comment cette proposition est goûtée à Pétersbourg.

Sa Majesté le roi de Prusse a donné à cette occasion une nouvelle preuve et des moins équivoques de son égard pour le Roi notre maître, et c'est avec le plus sensible plaisir que je puis assurer Votre Excellence que presque chaque jour fournit quelque témoignage de la sincérité et de la cordialité de son amitié envers Sa Majesté.

Extrait d'une lettre de Milord Holdernesse, du 13 juillet 1756.142-2

C'est avec beaucoup de plaisir que je puis vous informer que, par certaine intelligence que le Roi a eue de bonne part, il y a lieu de croire que, malgré les intrigues de la cour de Vienne, celle de Pétersbourg ne s'est nullement déterminée<143> à se mêler des projets qu'elle a formés avec la cour de France, et que rien ne saurait contribuer plus efficacement à cultiver la bonne disposition dans laquelle se' trouve présentement la cour de Pétersbourg, que d'être assurée de la part de Sa Majesté le roi de Prusse que ses préparatifs militaires n'avaient d'autre objet que sa propre sûreté; et que, loin de vouloir agir offensivement contre la Czarine, Sa Majesté, conjointement avec le roi d'Angleterre, serait disposée d'entrer dans des liaisons de l'amitié la plus étroite avec la cour de Pétersbourg.

Si telle proposition était goûtée de Sa Majesté le roi de Prusse, et qu'elle voulût bien vous autoriser d'écrire en conformité au chevalier Williams, vous dépêcherez un de vos courriers à Pétersbourg, envoyant en même temps un extrait de cette présente lettre. C'est peut-être le moment le plus favorable qu'on aurait souhaité pour entamer une bonne intelligence entre les cours de Berlin et de Pétersbourg : événement que Sa Majesté désire avec tant d'ardeur qu'Elle prie très instamment Sa Majesté le roi de Prusse de ne point omettre cette occasion de l'accomplir.

Potsdam, 29 juillet 1756.

Monsieur Mitchell. Je vous sais infiniment gré de l'attention que vous avez bien voulu me marquer en me communiquant à la suite de votre lettre du 27143-1 le projet de la lettre que vous voulez écrire au sieur Williams, au sujet duquel je suis bien aise de vous dire que je n'ai rien trouvé dans ce projet qui fût contraire à mon idée, et que j'approuve parfaitement si vous voulez vous expliquer en conséquence envers ledit chevalier Williams, dont je ne vous donnerai jamais le démenti; c'est pourquoi aussi je fais joindre ici le projet de la lettre à lui faire avec l'extrait de celle de milord Holdernesse. Et, sur ce, je prie Dieu etc.

Federic.

P. S.

Voici encore l'extrait d'une lettre de bonne main et très authentique que je veux bien vous communiquer confidemment pour les choses intéressantes qu'elle comprend.

Extrait d'une lettre de Vienne de bonne main, du 7 de juillet.143-2

Le comte Kaunitz a dit au correspondant que la cour de Vienne avait fait un plan qui embrassait non seulement sa propre défense, mais aussi celle de ses alliés. Que l'on ferait avancer les corps de cavalerie, consistant en 14 régiments campés à Raab et à Kittsee en Bohême;143-3 qu'on opposerait 80,000 hommes de troupes réglées au roi de Prusse, auxquelles on joindrait un corps de 15,000 hommes de troupes irrégulières; que le roi de Prusse avait des idées qui lui étaient particulières, et que, s'il agissait dans le moment ici, c'était sur des soupçons que ses ministres143-4 lui avaient donnés, mais qu'on avait des alliés qui le feraient repentir de ses desseins; qu'il se pouvait aussi qu'il y eût beaucoup d'ostentation dans le jeu du roi de Prusse, ce qu'on ju<144>geait par la façon dont il éparpillait ses troupes dans 5 camps différents; que cela ne pouvait être que pour tirer plus gros de l'Angleterre; que cette dernière puissance, par des liaisons plus étroites qu'elle avait prises avec la Prusse,144-1 voulait mettre le Roi en état d'entretenir 200,000 hommes, mais que la cour de Vienne étendrait plus loin ses engagements avec la France, et qu'eux conjointement avec la Russie pourraient bien s'unir d'un commun concert contre la Prusse pour mettre ordre à son trop grand accroissement, et que la chose pourrait bien finir d'une manière très désagréable pour l'Angleterre, surtout pour la famille actuellement régnante. La personne qui écrit cette lettre, marque qu'elle avait fait paraître au comte Kaunitz quelque appréhension que l'Angleterre ne raccommodât la Prusse avec la Russie; à quoi, le Comte a répondu qu'il était hors d'inquiétude sur cet article, et que le ministère de Russie résisterait fermement à toutes les tentatives des Anglais.


Das Schreiben an Mitchell nach der Ausfertigung im British Museum, der „Extrait d'une lettre de Vienne“ nach der Abschrift im Public Record Office zu London. Das gleichlautende Concept zu dem „Extrait“ eigenhändig im Königl. Geh. Staatsarchiv, mit der Weisung „Copier pour le sieur Mitchell à Berlin“ .



142-1 Vergl. S. 122 Anm. 4.

142-2 Vergl. S. 122 Anm. 2.

143-1 In der Vorlage verschrieben: 29.

143-2 Bericht Flemming's an Brühl, Wien 7. Juli, im Auszuge am 24. Juli von Maltzahn übersandt. Vergl. Nr. 7782.

143-3 Vergl. S. So.

143-4 Scil.: ses ministres dans l'étranger.

144-1 Vergl. S. 138.