7801. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A COMPIÈGNE.

Potsdam, 3 août 1756.

J'ai reçu le rapport que vous m'avez fait du 22 de juillet. Je crois pénétrer la façon dont la cour de Vienne use présentement envers la France. Quand ladite cour était en alliance avec l'Angleterre, elle chipota séparément et sous main avec la cour de Pétersbourg, sans en laisser rien entrevoir à celle de Londres, qui ignorait absolument les concerts que les ministres autrichiens prenaient avec ceux de Russie; à présent que la cour de Vienne a fait son traité avec la France, elle continue de faire le même manège, elle prend des arrangements avec la Russie,170-3 sans que la France en soit instruite, et, tandis que ladite cour ne témoigne que des sentiments pacifiques à la France, elle se lie avec la Russie par des engagements offensifs contre moi, en sorte<171> que la France en est la dupe, tout comme la cour de Londres en a été autrefois.

A présent, la susdite cour de Vienne ne travaille que de m'agacer par les démonstrations guerrières qu'elle fait en Bohême et en Moravie, en y assemblant deux gros corps d'armées à peu de distance de mes frontières avec tout l'attirail qu'il faut pour entrer en campagne, et en tirant des cordons de hussards et de pandours le long de mes frontières, sous le prétexte de se mettre à la défensive, tandis qu'âme qui vive de mes troupes en Silésie ne remue, dans le but de me faire passer pour l'agresseur, si à la fin je me mets en état de ne pas être prévenu. C'est aussi pourquoi je me suis vu dans l'obligation de faire demander explication de la Reine-Impératrice sur ses armements,171-1 dont je vous ai déjà fait faire communication, et à la première ordinaire je ne manquerai pas de vous faire instruire de la réponse que j'ai eue.171-2

En attendant, si vous savez faire glisser adroitement quelque chose aux ministres de France de ce que je vous ai marqué ci-dessus sur le manège secret de la cour de Vienne, pour en imposer également au ministère de France qu'il est arrivé autrefois avec celui de l'Angleterre, pour en exciter leur attention et leur jalousie à l'égard de la conduite de la cour de Vienne, vous ne perdrez aucune occasion de le faire.

Federic.

Nach dem Concept.



170-3 Vergl. S. 114. 115. 122. 151.

171-1 Vergl. Nr. 7722.

171-2 Vergl. Nr. 7795; S. 162 Anm. 6.