7866. AN DEN ETATSMINISTER GRAF PODEWILS IN BERLIN.

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Knyphausen berichtet, Compiègne S. August: „L'intimite qui a régné pendant quelque temps entre l'ambassadeur d'Espagne et le ministère de France,231-1 s'est refroidie considérablement depuis la prise du fort Saint-Philippe,231-2 au lieu d'avoir augmenté, ainsi qu'on s'y était attendu … Ce changement subit fait soupçonner à plusieurs personnes qu'il pourrait bien être que le ministère anglais eût fait porter des plaintes en Espagne contre la conduite de cet ambassadeur, et qu'il ait eu quelque mercuriale à cet égard. Malgré ce refroidissement, il est certain que la négociation qu'on a entamée entre les cours de Vienne et d'Espagne relativement à l'échange des duchés de Parme et de Plaisance,231-3 continue avec chaleur, et que cet objet est peut-être celui auquel la France prête le plus d'attention dans le moment présent … On commence, au reste, à appréhender fortement ici que l'amiral Hawke n'ait formé le dessein de s'emparer de l'île de Corse,231-4 et que ce ne soit là l'objet de l'apparition qu'il vient de faire dans les parages de l'île de Minorque. Un pareil évènement serait d'autant plus fâcheux pour la France que l'île de Corse est pourvue de différents beaux ports et de plusieurs rades spacieuses où l'escadre anglaise pourrait séjourner tranquillement, et qu'il ne serait peut-être pas difficile de fortifier. Quoi qu'il en soit, on paraît être résolu ici, au cas que l'amiral Hawke ait effectivement exécuté cette entreprise, d'aller combattre l'escadre anglaise, pour se frayer le chemin à une descente dans l'île, et ce serait pour lors le sort des armes qui disposerait de l'empire de la Méditerranée en faveur d'une des puissances belligérantes.“

Potsdam, 18. August 1756.

Da des Königs Majestät morgen Vormittag von hier eine kleine Reise nach Berlin thun werden, so haben Dieselbe mir befohlen, an Ew. Excellen2 zu schreiben und von Höchstderoselben wegen zu melden, wie Dieselbe zuforderst und vor Dero Ankunft noch dem Herrn Mitchell die letztere Dépêche des Herrn von Knyphausen, vom 8, dieses, communiciren und lesen lassen möchten.

Demnächst soll ich an Ew. Excellenz annoch communiciren, was gedachter Herr von Knyphausen in seinem Schreiben ad manus unter selbigem Dato von einem mit dem Minister Rouillé gehabten Entretien gemeldet hat.231-5 Sr. Königl. Majestät Intention deshalb ist, dass Ew. Excellenz womöglich vor Sr. Königl. Majestät morgenden Ankunft mit dem Marquis de Valory, jedoch ohne ihn das Ew. Excellenz communicirte sehen zu lassen, sprechen und ihm insinuiren möchten, dass, nachdem der Duc de Nivernois von Berlin zurückgegangen wäre,231-6 der französische Hof nichts gegen Se. Königl. Majestät sprechen noch äussern lassen; da aber jüngsthin der Minister Rouillé sich auf eine gewisse Art gegen den von Knyp-

 

hausen zu expliciren angefangen, so könnten Ew. Excellenz dem Marquis de Valory reine heraus versichern, wie des Königs Majestät bis dato keine andere Engagements mit Engelland gemachet hätten, als die bekannte Convention und die der Duc de Nivernois en original gesehen habe;232-1 dass aber, nachdem es Frankreich gefallen, bei Gelegenheit dieser innocenten Convention andere Liaisons zu nehmen, es wohl sehr natürlich wäre, dass in gegenwärtiger Crise, und da Sr. Königl. Majestät Feinde Dieselbe zu pressiren anfingen, Sie mehr Intimité mit denen Engelländern haben nnd vor Dero Sicherheit sorgen müssten, da diese Krone wenigstens Sr. Königl. Majestät Länder garantiret, die Franzosen aber keinen Tractat mit Sr. Königl. Majestät weiter hätten, noch haben wollen, und dass mithin Sr. Königl. Majestät nicht verdacht werden könnte, wenn Dieselbe mit Dero Freunden Sich über die Mittel zu Dero Defension concertirten und sprächen; so viel aber könnten Se. Königl. Majestät allemal frei versichern, dass unter denen Liaisons, so Sie mit der Kron Engelland genommen, bis dahin keine wären, so Frankreich präjudiciren könnten. Mit Oesterreich sei es ein anders, als welches Sr. Königl. Majestät es so nahe legte und seine Anstalten so machte, dass Se. Königl. Majestät ohnmöglich solches länger tranquillement ansehen könnten, daferne nicht Dieselbe, wie solches wohl kein vernünftiger Mensch verlangen könnte, Sich von denen Oesterreichern ecrasiret sehen wollten, wenn auch schon die Oesterreicher Alliirte von Frankreich wären; denn keine Freundschaft sich so weit extendiren könnte. Er, Marquis de Valory, würde also selbst bedenken, wie in solchen Umständen Se. Königl. Majestät mit denen Engelländern besser als mit Leuten stehen müsste, die keine Connexion mit Deroselben hätten noch haben wollten, und dass es sehr natürlich sei, wenn Sie endlich mit solchen, ohnerachtet derer jetzigen innocenten Liaisons, noch nähere Mesures nehmen müssten; wobei Ew. Excellenz endlich en badinant gegen den Marquis de Valory ohngefähr in den Termes sagen könnten: „Vous n'avez qu'à continuer à croire tous les mensonges que les Autrichiens vous débiteront, et vous verrez comment ils vous mèneront.“ Welches alles auf allergnädigsten Befehl Ew. Excellenz schuldigst melde.

Eichel.

P. S.

Noch soll auf Sr. Königl. Majestät Befehl Ew. Excellenz dasjenige in der zweiten Anlage232-2 beifügen, was des Königs Majestät von gewisser Hand über die übele und malicieuse Absichten des wienerschen Hofes zugekommen ist, der jetzo, von Uebermuth und Hochmuth übernommen, des Königs Majestät ohnfehlbar zu ecrasiren glaubet und alle Welt darunter eblouiren zu können sich persuadiret.

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8 août 1756.233-1

Ayant eu un mémoire à présenter à M. Rouillé le lendemain de la réception des ordres de Votre Majesté233-2 pour une affaire particulière, et la conversation étant tombée sur les affaires générales, je me suis servi de cette occasion pour lui faire observer sans affectation les suites dangereuses qui pourraient résulter de la confiance aveugle qu'on avait ici dans la cour de Vienne, cette dernière n'ayant d'autre but que de vouloir profiter du refroidissement apparent qui règne entre Votre Majesté et la France, pour exécuter des projets qu'elle avait formés depuis longtemps contre le repos de l'Europe. Sur quoi, M. Rouillé, après m'avoir assuré en termes extrêmement modérés que sa cour avait à la vérité à se plaindre grièvement du peu d'égard et de confiance que Votre Majesté lui avait témoigné dans la crise présente des affaires, mais que ce sentiment ne s'étendait pas plus loin, est entré avec moi en explication sur les différentes insinuations que je lui avais faites, et s'est ouvert sur les objets suivants, que je rapporterai dans l'ordre où ils se présenteront à ma mémoire,

1° Que Votre Majesté pouvait être persuadée que sa cour n'avait contre Elle nulles vues offensives et qu'en faisant le traité qu'elle avait conclu avec la cour de Vienne, elle s'était uniquement proposé de restreindre la guerre à l'Angleterre et d'empêcher qu'elle n'embrasât les autres parties de l'Europe; qu'il pouvait m'assurer que ce traité ne renfermait nuls autres articles que ceux qu'on avait publiés, mais qu'il ne répondait point que, par la suite, on n'y ajoutât d'autres stipulations; qu'il n'ignorait point que la malignité des ennemis de la France avait eu recours à toutes sortes de moyens pour alarmer Votre Majesté sur les desseins de sa cour et pour les Lui présenter sous les points de vue les plus odieux …: que les uns avaient répandu que la France travaillait à exciter les princes catholiques contre les princes protestants de l'Empire, afin d'allumer par ce moyen une guerre intestine dans le cœur de l'Allemagne et de se ménager un prétexte pour pouvoir y introduire des troupes à l'ombre du traité de Westphalie;233-3 que d'autres avaient encore porté la fausseté à de plus grands excès, en assurant que la France formait des magasins en différentes contrées de l'Allemagne pour la subsistance des armées qu'elle se proposait d'y envoyer; qu'il pouvait m'assurer en honneur que toutes ces suppositions étaient également fausses et destituées de tout fondement.

2° Que, pour ce qui concernait l'ombrage que Votre Majesté paraissait prendre des démarches que la France avait faites auprès de la cour de Pétersbourg,233-4 il pouvait me certifier qu'il y avait plus de 18 mois qu'elles avaient été commencées, et que le but en était uniquement de rétablir la bonne intelligence entre les deux cours, afin d'ôter, s'il était possible, cet allié à l'Angleterre; maïs que cette négociation n'avait nul rapport à Votre Majesté et ne La concernait en aucune manière.

3° Qu'il ne saurait me cacher que la cour de Vienne prétendait que c'était Votre Majesté qui avait commencé la première à faire des mouvements de troupes sur les frontières de l'Impératrice, et que les camps qu'on formait actuellement, avaient été occasionés par là. M. Rouillé me parla à cette occasion du premier mémoire que Votre Majesté a fait présenter à la cour de Vienne;233-5 mais il n'entra point en matière à ce sujet et me dit simplement qu'il lui avait été envoyé par le marquis de Valory. Il me parut même n'avoir pas connaissance du second233-6 et évita de s'expliquer sur les assurances que je lui dis, qu'il me semblait que Votre Majesté était en droit d'exiger de la cour de Vienne, et, lui ayant insinué que je croyais que la France ferait bien de s'employer pour détruire par son entremise les soupçons qui pouvaient s'être élevés de part et d'autre, il me répondit sur cette ouverture comme quelqu'un qui en regardait l'exécution comme impraticable. Il finit, enfin, par me dire:

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4° Qu'il ne savait point de quelle nature étaient les engagements qui subsis taient entre la cour de Vienne et celle de Russie, mais qu'ayant à se garantir d'un ennemi commun, qui était la Porte Ottomane, il était naturel qu'il régnât entre elles la plus grande intimité; qu'au reste la France n'était pas assez liée avec la Russie pour qu'il pût rien me dire de positif à ce sujet. Sur quoi, lui ayant fait observer que, si sa cour n'était point instruite des desseins de celle de Pétersbourg, elle devait du moins l'être de ceux de l'Impératrice-Reine, il me dit que, si Votre Majesté avait des soupçons contre ces deux cours, on en avait également contre Elle et qu'on L'accusait d'avoir pris des engagements très étroits avec la Grande-Bretagne. Toutes ces ouvertures ont été entremêlées de différentes digressions, tendantes à me faire entendre que c'était Votre Majesté qui avait forcé la France à établir le système qu'elle venait d'adopter, et que la grande intimité qui régnait entre les cours de Prusse et d'Angleterre, ne pouvait pas manquer de donner de l'ombrage à la France dans les conjonctures présentes.

Tel est, Sire, le précis de l'entretien que j'ai eu avec M. Rouillé sur le contenu de la lettre de Votre Majesté.

Nach der Ausfertigung.



231-1 Vergl. S. 179; Bd. XII, 515.

231-2 Vergl. S. 112.

231-3 Vergl. S. 131.

231-4 Vergl. S. 224.

231-5 Vergl. S. 233.

231-6 Vergl. Bd. XII, 241.

232-1 Vergl. Bd. XII, 162.

232-2 Es sind die am 17. August Mitchell übersandten Nachrichten aus Flemming'schen Berichten. Vergl. Nr. 7865 S. 230.

233-1 Nach dem Immediatberichte Knyphausen's, Compiègne 8. August. Vergl. Nr. 7884.

233-2 Immediaterlass an Knyphausen, d. d. Potsdam 26. Juli, Nr. 7760.

233-3 Vergl. Nr. 7763.

233-4 Vergl. Bd. XII, 513.

233-5 Nr. 7722.

233-6 Nr. 7795.