7889. AN DEN ETATSMINISTER GRAF PODEWILS IN BERLIN.

Podewils berichtet, Berlin 20. August: „Ayant déjà rendu compte de bouche hier à midi à Votre Majesté des insinuations que j'ai faites par Ses ordres au marquis de Valory, j'ai cru Lui devoir rapporter également ce que ce ministre m'a dit de nouveau aujourd'hui, quand je lui ai expliqué les motifs qui avaient fait agir Votre Majesté à la Haye par des insinuations faites par le sieur de Hellen auprès des ministres de la République, par rapport aux liaisons à prendre entre elle et Votre Majesté, aussi bien que le roi d'Angleterre. Je lui ai dit que ces liaisons étaient simplement calculées sur le pied de mesures défensives et ne tendaient à aucune démarche offensive contre la France, puisqu'il serait aussi peu naturel que Votre Majesté voulût seulement concevoir l'idée de conseiller à la République d'entreprendre quelque chose contre la France, qu'Elle y pensait ou pourrait songer Elle-même du grand jamais; mais que, comme Votre Majesté avait été avertie que la cour de Vienne songeait à employer ses troupes qu'elle a dans les Pays-Bas, pour faire peut-être une diversion à Votre Majesté dans Ses États de Clèves ou de Westphalie, il était tout simple et fort naturel que Votre Majesté, sans avoir le moindre dessein offensif contre la France, fît faire des insinuations convenables en Hollande pour la sûreté réciproque des Etats de l'un et de l'autre, et qu'il était impossible que la France pût trouver à redire avec raison à des démarches aussi innocentes que celles-là.

„Le marquis de Valory me répliqua que ce n'était pas de cela dont il était question, mais bien des insinuations de Votre Majesté auprès de la République, tendant à la faire armer puissamment par mer et par terre en faveur du roi d'Angleterre; qu'un pareil conseil donné dans le moment présent à la République pour une augmentation de troupes de terre et dans sa marine en faveur de l'ennemi déclaré de la France, comme était l'Angleterre, était directement contre les intérêts de la première et calculé contre la France, en voulant augmenter le nombre de ses ennemis.

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Comme je niais fortement cette circonstance et que je tâchais de détourner ce qui regardait l'Angleterre dans cette négociation, de ce qui concernait Votre Majesté, par rapport à la défense de Ses propres Etats du côté du Rhin et en Wesphalie, le marquis de Valory m'interrompit en me disant:

„„,Il y a un bon moyen que le Roi votre maître n'ait rien à craindre pour ses Etats de Cleves et de Westphalie : qu'il ne devienne pas l'agresseur et qu'il ne soit pas le premier à attaquer les États de la cour de Vienne; celle-ci n'osera l'attaquer la première, ni dans ses États de Cleves, ni dans ceux de Silésie.“

„ „Cette cour,“ continuait-il, „connaît trop ses propres intérêts, pour vouloir être la première qui dégaine; elle sait que presque toute l'Europe a garanti la Silésie, que ses engagements avec ses alliés ne sont que défensifs, jusques à ce qu'on soit bien en état de la part du Roi, votre maître, de prouver ce qu'il a avancé touchant une alliance offensive entre les deux cours impériales.“ 257-1

„ „,Enfin, cette même cour de Vienne,“ continuait-il, resterait isolée et sans aucun secours à espérer de la part de personne, si elle devenait l'agresseur; mais qu'aussi ce serait tout le contraire, si Votre Majesté l'attaquait la première; qu'il était impossible alors que la France et les autres alliés de l'Impératrice-Reine puissent se dispenser de remplir leurs engagements défensifs; que Votre Majesté y devait bien songer, avant que d'entreprendre la première à attaquer les Etats de cette Princesse; qu'Elle aurait la plus grande partie de l'Europe pour ou contre Elle, suivant la façon dont Elle voudra S'y prendre dans le moment présent.“ “

„Je répondis au marquis de Valory qu'il fallait regarder pour le véritable agresseur celui qui prenait visiblement des mesures pour écraser l'autre; que celui qui tâchait de le prévenir, ne l'était jamais, ni pouvait être regardé pour tel.

„Ce ministre finit par me dire que, quelque prétexte spécieux que Votre Majesté puisse alléguer avec le temps, pour justifier une levée de boucliers, toute l'Europe ne s'y méprendrait pas, et encore moins les alliés de la cour de Vienne, qui, sans manquer à la bonne foi de leurs engagements, ne pourraient jamais refuser à l'Impératrice-Reine, attaquée la première par Votre Majesté, les secours qu'elle serait en droit de réclamer, en vertu de ses engagements défensifs; et que Votre Majesté, en prenant la résolution de tirer l'épée la première, donnerait le plus beau jeu du monde à la cour de Vienne; au lieu que celle-ci, devenant l'agresseur, serait abandonnée de tous ses alliés, dont sous aucun prétexte alors elle ne pourrait réclamer le secours, et qu'il paraissait à la France que Votre Majesté, restant sur la défensive, était assez en état de faire tête à la maison d'Autriche, tant que celle-ci restait seule contre Elle; qu'il pourra en attendant arriver bien des évènements en faveur de Votre Majesté pendant l'hiver prochain, que la paix pourra se conclure entre la France et l'Angleterre et mettre l'une et l'autre en état de guérir Votre Majesté de tout soupçon, au lieu que, la guerre étant une fois commencée par Elle, on défiait tout le monde de la terminer, quand on le voudrait.

„Je lui répliquai que la réponse de la cour de Vienne, attendue tous les jours, en déciderait et que la paix et la guerre étaient entre les mains de l'Impératrice-Reine.“

Potsdam, 21. August 1756.

Er hat ihm recht gut geantwortet. Wenn der französische Hof so partialisch ist wie der Marquis de Valory, so sehe Ich wohl, dass man wenig Ménagement vor sie würde haben können. Ich habe von sie nichts zu hoffen, und dennoch wollen sie, Ich soll keine Alliances machen, noch Mich wider offenbare übele Intentiones defendiren, sondern erst Hände und Füsse binden lassen. Sie seind es so gewohnet,<258> Mich zum Alliirten zu haben und Ordres zu geben, dass sie sich selbst noch nicht recht deshalb besinnen können.

Mündliche Resolution. Nach Aufzeichnung des Cabinetssecretärs.



257-1 Vergl. S. 164.