7981. AU ROI DE POLOGNE A DRESDE.

Schreiben des Königs von Polen, Dresden 3. September: „Monsieur mon Frère. Le général Meagher vient de m'apporter la lettre que Votre Majesté ma écrite en réponse à celle dont je l'avais chargé pour Elle.344-1 Je suis à la vérité fort sensible aux expressions affectueuses avec lesquelles Votre Majesté m'assure de Son amitié pour ma personne; mais je me flatte qu'Elle voudra bien me faire sentir incessamment les effets de ces assurances qui me sont très précieuses.

Les différends survenus entre Votre Majesté et l'Impératrice-Reine ne me regardent en aucune façon. De plus, Votre Majesté a fait faire, comme Elle m'en instruit, de nouvelles représentations à la cour de Vienne,344-2 et Elle Se réglera en conséquence de la réponse qu'Elle en recevra. Mais j'aurais dû me flatter qu'en prenant le passage innocent par mes Etats suivant les constitutions de l'Empire, connues à Votre Majesté, Elle ne les occuperait pas, et qu'en Se conformant à la déclaration qu'Elle a fait publier,344-3 qu'Elle n'a aucune intention de me faire la guerre, ni de traiter mes Etats comme des pays ennemis, Elle en agirait, au contraire, avec les ménagements d'un prince ami et bien intentionné. Au lieu de cela, les troupes de Votre Majesté y font des exactions, s'emparent de mes caisses et les emportent, viennent de démolir une partie de ma forteresse de Wittenberg et arrêtent mes officiers généraux et autres, quand elles les rencontrent. J'en appelle aux sentiments de justice et de probité dont Votre Majesté fait profession, et je suis persuadé qu'Elle ne trouvera pas que moi et mes États devions souffrir des différends de Votre Majesté avec l'Impératrice-Reine. Je désirerais, au reste, que Votre Majesté voulût me donner à connaître les noirs complots dont Elle fait mention dans Sa lettre, et que j'ai ignorés jusqu'à présent. Je prie donc Votre Majesté de faire attention à mes représentations et d'évacuer mes Etats, en en faisant sortir Ses troupes le plus tôt possible. Je suis prêt, comme je m'en suis déjà fait expliquer, de donner à Votre Majesté toutes les sûretés qu'Elle pourra exiger de moi, convenables à l'équité et à ma dignité. Mais, comme le temps presse et que je ne saurais dans la position violente où je me trouve, voir approcher encore de plus près des troupes qui en quelque sorte agissent en ennemis, et qui me font appréhender par là des suites encore plus fâcheuses, je prends le parti de me rendre à mon armée, pour y recevoir au plus tôt les explications ultérieures de Votre Majesté, Lui protestant en même temps encore une fois que mon intention n'est nullement de m'éloigner d'une convention de neutralité avec Elle, mais que plutôt j'y donnerai les mains avec une satisfaction parfaite. Je mets toute confiance dans l'amitié de Votre Majesté, Lui réitère les protestations de la mienne et suis avec la plus parfaite considération, Monsieur mon Frère, de Votre Majesté le bon frère

Auguste Roi.

Lommatzsch, 5 septembre 1756.

Monsieur mon Frère. Le comte de Salmour m'a rendu la lettre que Votre Majesté a eu la bonté de m'écrire. Quelque envie et quelque inclination que j'aie d'obliger Votre Majesté, je me vois dans l'impossibilité d'évacuer Ses États, à cause de cent raisons de guerre qu'il Lui serait ennuyeux de Lui alléguer, et qui cependant m'en empêchent, dont la principale est la sûreté de mes vivres. Je voudrais que le chemin de la Bohême passât par la Thuringe, pour que je n'eusse pas lieu de molester les États de Votre Majesté; mais, comme les raisons de guerre m'obligent de me servir de la rivière de l'Elbe, je ne puis,<345> à moins que de faire des miracles, choisir d'autres moyens que ceux que j'emploie à présent. J'assure Votre Majesté que je fais toute la diligence imaginable, mais, malgré cela, il est impossible aux troupes de voler.

Quant à ce que j'ai avancé à Votre Majesté des mauvaises intentions et des procédés très contraires à l'esprit du traité de Dresde de Son ministre, je suis très en état de le prouver, et je le ferais dès aujourd'hui, si des ménagements que je me crois obligé de garder, ne m'en empêchaient. Cela, cependant, ne me fera jamais oublier ce que je dois aux têtes couronnées, à un prince mon voisin qui n'est que séduit, et pour lequel, ainsi que pour toute sa famille royale, je conserverai dans toutes les occasions, fût-il même mon plus cruel ennemi, la plus haute considération et la plus parfaite estime. Ce sont les sentiments avec lesquels je suis, Monsieur mon Frère, de Votre Majesté le bon frère.

Federic.

Nach der Ausfertigung im Königl. Hauptstaatsarchiv zu Dresden. Das Concept eigenhändig.



344-1 Vergl. Nr. 7935.

344-2 Nr. 7914.

344-3 „Déclaration du Roi sur les motifs qui obligent etc.“ Vergl. S. 322 Anm. 5.