8013. AU ROI DE POLOGNE AU QUARTIER GÉNÉRAL DE STRUPPEN.

Schreiben des Königs von Polen, Hauptquartier Struppen, 12. September: „Monsieur mon Frère. Le comte de Bellegarde m'ayant rendu hier au soir à son retour la réponse de Votre Majesté,369-2 par laquelle Elle me donne encore à connaître qu'il n'y a que les précautions suffisantes pour le libre cours de l'Elbe pendant la guerre qui s'allume entre Votre Majesté et l'Impératrice-Reine, et que mes troupes n'entreprennent rien contre Elle pendant cette même guerre, qui arrêtent la poursuite de la marche des troupes de Votre Majesté, je m'empresse à y faire une autre réponse, pour lever, s'il est possible, l'obstacle des défiances que Votre Majesté semble avoir. Prêt à accorder l'un et à promettre l'autre, je souhaiterais que Votre Majesté voulût Se confier à ma parole royale qu'aucun ministre n'a jamais intenté, ni n'oserait tenter de me faire violer. Cependant, si Votre Majesté croit devoir insister sur des sûretés encore plus réelles, quoique ma parole pourrait suffire, j'offre à Votre Majesté pour la sûreté du libre cours de l'Elbe qu'Elle garde pendant tout le temps de la durée de cette guerre des garnisons à Wittenberg et à Torgau, et je consentirai même qu'Elle en mette encore à Pirna. Quant à la sûreté à l'égard de l'armée, je ne vois d'autre expédient que de Lui donner en tout cas des otages. Ces offres doivent, j'espère, satisfaire Votre Majesté en plein et La convaincre de la pureté de mes sentiments.

Les conditions que j'ai à Lui demander en échange, sont: que Votre Majesté fasse évacuer au plus tôt tout le reste de mes États, à l'exception des trois places susmentionnées; qu'Elle remette toute chose dans l'état où elles étaient avant l'entrée de Ses troupes en Saxe, et qu'Elle facilite et assure également le retour des miennes, avec toutes les précautions requises en pareilles circonstances, dans leurs quartiers, aux places près accordées, comme il a été dit ci-dessus, aux troupes de Votre Majesté, qui y vivront pour leur argent et ne se mêleront point du gouvernement civil. Pour abréger le détail de ces arrangements, il dépendra de Votre Majesté de nommer quelqu'un, comme je ferai de ma part aussi, pour en convenir ensemble jusqu'à notre ratification. Votre Majesté voit combien je prends sur moi par les offres que je Lui fais. Il me serait impossible d'en faire davantage, et j'aimerais mieux attendre toutes les extrémités plutôt que de manquer à ce que je me dois à moi-même, à mes Etats et à mon armée.

<370>

Remerciant, au reste, Votre Majesté de tout ce qu'Elle me dit d'obligeant pour moi et toute ma famille royale, je La prie d'être en échange persuadée d'un parfait retour de sentiments pleins de considération et d'estime, avec lesquels je suis, Monsieur mon Frère, de Votre Majesté le bon frère

Auguste Roi.

Sedlitz, 12 septembre 1756.

Monsieur mon Frère. Votre Majesté Se ressouviendra que je Lui ai mandé hier qu'il était très dangereux pour moi, pour ne pas dire impossible, d'avancer de la Saxe en Bohême en laissant une armée derrière moi. S'il ne s'agissait que de complaisances, il n'en est aucune que je ne crusse devoir à Votre Majesté; mais il s'agit de la sûreté et de la conservation de l'État que je gouverne, et cela m'oblige à ne me point écarter d'ici, à moins d'être sûr de ne rien laisser derrière moi qui pût par la suite des temps m'en faire repentir. Mon avantgarde est en Bohême, un corps considérable la suit, et si Votre Majesté le juge à propos, Elle peut m'envoyer tel officier qui Lui plaira, auquel je ferai voir la position de mes troupes. Rien ne me presse, et je suis à attendre si ce sera la patience ou une autre voie qui décidera de ma situation présente. Quel que soit l'évènement, Votre Majesté me trouvera invariable en ce qui regarde mes sentiments pour Sa personne, pour Sa famille royale et pour tous ceux qui Lui appartiennent, et Votre Majesté sera persuadée de la parfaite considération avec laquelle je suis, Monsieur mon Frère, de Votre Majesté le bon frère

Federic.

Nach der Ausfertigung im Königl. Hauptstaatsarchiv zu Dresden. Das Concept eigenhändig.



369-2 Nr. 8010.