8041. AU FELD-MARÉCHAL COMTE DE SCHWERIN A GLATZ.

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Schwerin berichtet, [Glatz 13. September]; „Le courrier que j'avais dépêché à Votre Majesté le 7 du courant, m'a remis le 11 Sa réponse du 9393-1 à Ottmachau. Je suis charmé d'apprendre qu'Elle Se porte bien et La félicite d'avance sur l'accommodement qu'Elle fera avec le roi de Pologne, qui ne peut manquer, dans la situation où il se trouve, de se rendre aux conditions qu'Elle veut bien lui accorder. Comme, cependant, cette époque ne peut manquer de retarder Ses opérations projetées sur la Bohême — et que la dernière réponse de Vienne393-2 autorise —, j'espère que Votre Majesté approuvera la résolution que j'ai prise de marcher dans le pays de Glatz, après tous les avis qui me sont venus, que toutes les forces autrichiennes, tant en Bohême qu'en Moravie, marchent pour se réunir et s'opposer à l'entrée de Votre Majesté en Bohême; que je regarde cependant comme le coup de partie de cette campagne. Je ne compte pas m'arrêter dans le comté de Glatz. D'un côté, ce terrain ne peut suffire pour me fournir les fourrages dont j'ai besoin, n'ayant trouvé aucun magasin ni en sec ni en foin dans toute la Silésie, pour faire subsister l'armée pendant quatre jours, et la livraison de ses besoins ruine et foule entièrement les contrées où je suis obligé de m'arrêter. Cette considération et l'espérance d'entrer dans peu en Bohême par le pays de Glatz et en même temps faire diversion aux troupes qui marchent contre Votre Majesté, jointes aux vues que j'ai de couvrir par là la Basse-Silésie, m'ont déterminé. Je laisse, à la vérité, comme j'ai déjà eu l'honneur de le marquer à Votre Majesté, la Haute-Silésie exposée à quelque incursion de Hon-

Quartier Sedlitz, 15 septembre 1756.

J'ai reçu, mon cher Maréchal, les lettres que vous m'avez envoyées du 13 de ce mois. J'approuve parfaitement la marche que vous faites avec votre corps d'armée, tout comme la façon dont vous arrangez vos affaires; je ne doute nullement qu'il n'en sorte un très bon effet, parcequ'il sera très difficile au général Piccolormni de ne pas vous donner prise une fois sur son arrière-garde.

Je ne suis point embarrassé ici de l'armée autrichienne sous les ordres du général Browne, ayant déjà effectivement 16 bataillons et 53 escadrons en Bohême, qui en deux jours seront auprès d'Aussig; de là, je ne laisserai plus avancer cette avant-garde, jusqu'à ce que je puisse la joindre avec le gros de l'armée.

Le roi de Pologne commence à capituler. J'ai déjà envoyé dans son camp, pour lui faire des propositions,393-3 et j'attends à tout moment sa réponse. Vous ne devez pas être en peine de moi, je ne suis nullement embarrassé d'entrer en Bohême et d'y parvenir aussi loin que je me le suis proposé, et vous devez être assuré que j'exécuterai le projet de façon que je

grois dont on ia menace, mais aucune place exposée. Cosel est renforcé de deux bataillons de grenadiers, et, partant de Neisse, j'y ai laissé pareillement un bataillon de renfort. J'userai dans ma conduite ultérieure de toute la prudence dont je suis capable, mais, si le prince Piccolomini, qui conduit l'armée moravienne, et que j'espère de prévenir, me prête quelque avantage dans sa marche, je tâcherai d'en profiter, pour l'empêcher de se joindre à Browne.

Car permettez-le de grâce, Sire, je ne prévois pas comment Vous Vous pourrez établir solidement en Bohême pendant l'hiver, sans préalablement en venir d'une part ou d'autre à quelque coup décisif. L'armée ennemie n'est pas cette année ce qu'elle pourra devenir dans la suite; selon tous les avis, leurs soldats ne marchent contre Votre Majesté qu'avec terreur; leur cavalerie, la plupart, n'est ni complète ni bien montée; pour y suppléer, ils prennent tous venus, il en est de même des chevaux. Quant à l'infanterie, leurs trois bataillons de campagne sont en partie complets et mieux disciplinés que par le passé; mais ils nous craignent malgré cela et ne se confient nullement à la force de leur canon, qui fait un grand objet d'opération parmi leurs matadors, mais que les officiers expérimentés ne goûtent point, et que moimême je ne crains pas, par le peu d'effet que j'en ai vu -dans toutes les batailles où j'ai été, et où cette arme, la plupart du temps, a fait plus de bruit que de besogne et n'a intimidé que les gens qui sont peureux, sans expérience ou poltrons nés.“

vous l'ai dit à Potsdam. Le lieutenant-colonel de Dieskau se réjouit d'avance des canons des Autrichiens, et il [est] certain que, quand nous donnerons la bataille aux Autrichiens, nous en aurons, je crois, jusqu'à la troisième partie, avant qu'on aura le temps de les ajuster et qu'ils seront à même d'en tirer des coups. Soyez ainsi persuadé que je ne suis point embarrassé ici, mais autant que je vois, et dont je suis bien aise, vous saurez embarrasser terriblement avec votre corps d'armée les Autrichiens sur leurs derrières, quand ils se seront avancés de plus près sur rnoi, en leur coupant les approvisionnements des meilleurs cercles d'où ils les sauront tirer, comme celui de Czaslau et de Kœniggrætz, ce qui les embarrassera plus que tout le reste. Ce sera d'ailleurs un coup d'effroi pour eux, quand ils apprendront que je me suis rendu maître de ce que les Saxons ont de troupes, que celles-ci seront à ma disposition et que je les pourrais faire agir contre eux. J'espère que, dans l'intervalle du temps qu'il me faut pour arranger mes magasins, j'aurai fini avec les Saxons, et qu'il ne faudra que de la patience pour une couple de jours encore pour tout achever.

Federic.

Nach dem Concept.



393-1 Vergl. Nr. 7999.

393-2 Vergl. S. 375.

393-3 Vergl, S. 3.