8175. AUX MINISTRES D'ÉTAT COMTES DE PODEWILS ET DE FINCKENSTEIN A BERLIN.

<509><510>

Podewils und Fiuckenstein berichten, Berlin 5. October: „Votre Majesté nous ayant fait adresser un coffre rempli de papiers secrets tirés des archives de Dresde, nous n'avons pas manqué, en

Lobositz, S octobre 1756.

J'ai été surpris de voir par le rapport que je vous renvoie ci-clos, que vous prétendez me faire lire

conformité de Ses très gracieuses intentions, de faire examiner avec tout le soin imaginable ces papiers, pour y chercher les pièces les plus propres à prouver les desseins dangereux des cours de Vienne et de Dresde. La lecture d'un si grand nombre de volumes à empêché de procéder à cet ouvrage avec la célérité que nous aurions souhaité d'y mettre. On est actuellement après à imprimer les pièces justificatives, et en attendant nous avons cru devoir soumettre le précis ci-joint509-1 à l'approbation de Votre Majesté, d'autant plus qu'on n'a pas pu y faire mention des pièces qui sont le plus à la charge de la Saxe et de la cour de Vienne, sans y mêler la Russie, et que cela aurait ôté la plus grande force aux arguments contre les deux premières, en retranchant leurs menées secrètes auprès de la Russie, que Votre Majesté a voulu ménager; c'était un article essentiel et qui par là même rend la lecture de cette pièce digne de toute l'attention de Votre Majesté, et nous n'avons pu risquer de le faire imprimer sans Son approbation. Comme on a aussi inséré dans ce précis certains passages à la charge de la cour de Vienne tirés de dépêches interceptées, mais dont on n'a point trouvé d'originaux à produire parmi les papiers des archives de Saxe, Votre Majesté voudra bien nous prescrire si on doit en faire usage ou les omettre.“

la pièce y jointe, qui demande un temps que je n'ai pas pour le conférer avec les pièces justificatives, étant entièrement occupé à des choses bien plus sérieuses, et qui ne permettent pas d'en distraire l'attention pour un quart d'heure même, sans compter que par de pareils envois et renvois le temps pour la publication de la pièce se perd inutilement, qui cependant presse extrêmement, pour ne pas laisser prévenir le public contre moi et lui donner en après une pièce qu'il ne voudra plus lire alors, étant déjà trop préoccupé contre moi. Je suis tout-à-fait indigné de tous vos délais, que je trouve d'autant plus inutiles que je vous ai muni de toutes les pièces qu'il faut, et que c'est à vous d'en tirer après tout l'usage pour mes intérêts, pour mettre aux yeux du public la vérité du fait. C'est donc dans une occasion aussi importante que vous devez être agissant et voir par vos propres yeux, sans prétendre d'avoir sur chaque article ma résolution. Ce n'est pas un simple extrait des papiers des archives de Saxe que je vous ai demandé, c'est un factum raisonné que vous devez mettre au public, des procédés injustes et pernicieux dont mes ennemis ont usé contre moi, et qui m'ont forcé à prendre les armes pour les prévenir. Voilà le but que je me suis proposé, c'est à vous de travailler pour y parvenir. Vous voyez un échantillon par la dépêche de Hellen du 1er d'octobre509-2 combien sont vigilants mes ennemis à blâmer mes actions pour en imposer au public; il ne faut pas que vous attendiez mes ordres pour réfuter de telles calomnies, votre devoir, votre charge et même la conservation de vos biens vous obligent d'y répondre d'abord. Il coûte trop de désabuser un public une fois prévenu, si

 

l'on lui laisse le temps de se fortifier dans ses préventions. Ainsi je vous ordonne et vous m'en répondrez de ne plus tramer comme jusqu'ici à faire imprimer ces mémoires que je vous ai ordonné de publier; aussi m'en enverrez-vous 40 à 50 exemplaires, dès que l'impression en sera faite.

En jettant les yeux sur l'extrait assez sec que vous m'avez envoyé, vous avez négligé de faire mention de ces dépêches où le comte de Flemming a rendu compte au ministre Brühl des conversations qu'il a eues avec le comte Kaunitz510-1 touchant la première déclaration que le sieur de Klinggræffen a demandée par mon ordre de la Reine-Impératrice, et dont le conseiller privé de Maltzahn m'a envoyé l'extrait, qui se trouve parmi les papiers que j'ai fait remettre à l'archive, où le comte Kaunitz s'est expliqué tout naturellement sur les ruses dont il a usé, pour que sa souveraine ne s'expliquât pas nettement sur ma demande. Comme ce sont les pièces les plus intéressantes pour convaincre le public des mauvaises intentions de la cour de Vienne et de ses mauvais procédés contre moi, il faut bien que vous ne laissiez pas tomber de pareilles pièces, mais que vous en fassiez imprimer un bon extrait, afin que tout le monde et surtout les cours étrangères voient clairement les façons iniques dont on a agi envers moi, et le dessein que la cour de Vienne a eu à mon égard. Et, sur ce, je prie Dieu etc.

Travaillez davantage et consultez moins, il faut agir et non pas attendre des ordres, d'autant plus que tous les moments perdus tirent à conséquence. Adieu.510-2

Federic.

Nach der Ausfertigung. Der Zusatz eigenhändig.



509-1 „Précis de quelques découvertes qu'on a faites touchant les desseins dangereux des cours de Vienne et de Saxe contre la Prusse, avec les pièces justificatives.“ Diese dritte (vergl. S. 463 Anm. 4.) Vorarbeit für das „Memoire raisonné“ ist gleichfalls von Hertzberg abgefasst, doch von Finckenstein und Podewils vielfach corrigirt.

509-2 Vergl. Nr. 8174.

510-1 Vergl. S. 346.

510-2 Es ward hierauf von Hertzberg das „Mémoire raisonné sur la conduite des cours de Vienne et de Saxe, et sur leurs desseins dangereux contre Sa Majesté le roi de Prusse, avec les pièces originales et justificatives qui en fournissent les preuves“ fertig gestellt (vergl. u. a. Hert2berg, Recueil I, 1—64). Die französischen Exemplare wurden am 16. October an die preussischen Gesandten im Auslande, an die Residenten im Reiche und an die befreundeten deutschen Höfe versandt, ebenso 50 Exemplare an Eichel in das Hauptquartier zu Struppen. Von den deutschen Exemplaren ward ein Theil am 19., der andere am 30. October verschickt.