8258. A LA MARGRAVE DE BAIREUTH A BAIREUTH.

Die Markgräfin von Baireuth schreibt, Baireuth 18. October: „Mon très cher Frère. Je suis encore entre la vie et la mort. Nous avons quelques détails, dont la plupart se contredisent, de la glorieuse victoire que vous avez remportée; mais nous ignorons ce qui s'est passé depuis. Ce silence et les bruits qui courent encore que vous êtes blessé, me mettent hors de moi-même. S'il y a un avenir mêlé de peines, je ne pourrai être dans un enfer plus affreux que celui où je suis. Si j'osais, ô mon cher frère, je courrais à pieds à votre camp, pour y trouver la décision de mon sort. Mon Dieu, si votre danger seul me plonge dans le désespoir: que seraitce, si je vous perdais! La force de votre armée, le bonheur de votre pays et de toute votre famille résident dans votre seule tête. Ah, quelle inhumanité, mon cher adorable frère, de l'exposer! est-ce penser en philosophe, que de rendre malheureux tant de monde? Pardonnez-moi, si je m'oublie! La tendresse, l'inquiétude et la douleur doivent m'excuser. Je dois cependant vous avertir que vos abominables ennemis retireront leur troupes, qui montent à 16,000 hommes, des Pays-Bas, pour les faire marcher en Bohême ou en Saxe. Le régiment du Margrave est de ce corps; celles d'Italie sont déjà en marche. 4000 hommes des troupes de Würzbourg vont marcher incessamment. Le tocsin est sonné. Je tremble — — vous m'entendez — qu'il y aura bien du bruit, puisque la glace est rompue. Je ferai mon possible, pour vous avertir de tout ce que je pourrai découvrir, s'il me reste assez de force pour vous écrire; car si mon état dure encore, je n'y résisterai pas. Ô Ciel, conserve-moi mon cher frère et fais-moi mourir, que tous les coups retombent sur moi, pourvu qu'il vive content et en santé! Je suis avec un profond respect, mon cher frère, votre très humble, obéissante et affligée sœur et servante

Wilhelmine,“

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Sedlitz, 28 [octobre 1756].

Ma très chère Sœur. J'ai eu le bonheur de recevoir aujourd'hui trois de vos lettres, par lesquelles je vois que vous avez reçu les miennes. Je vous ai écrit avec la plus grande exactitude, mais je vous conjure de ne point ajouter foi à toutes les nouvelles que mes ennemis débitent. J'ai retiré mes troupes de la Bohême, parceque la rigueur de la saison nous empêchait d'enfoncer davantage les piquets en terre. Nous aurons encore cette arrière-saison quelque affaire de détachements, mais point de batailles; le gros de la guerre se fera l'année qui vient ; nous trouverons de la besogne, mais je ne crains rien et je me tirerai d'affaire. Je vous rends mille grâces de la part que vous prenez à ce qui me regarde; je vous conjure pour vous-même — ce qui est ce que j'ai du plus précieux au monde — de ne vous point inquiéter et d'attendre tranquillement les nouvelles que je vous donnerai, qui ne seront ni augmentées ni diminuées. Je crois vous avoir devinée, vous me comprenez; à présent, ma chère sœur, les mensonges des gazetiers auront cours, tout cela n'est que du bruit, et nous ne dirons rien qu'à bonnes enseignes. Je vous embrasse mille fois, vous priant de me croire avec la plus parfaite tendresse, ma très chère sœur, votre fidèle frère et serviteur

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.