<123> que, s'ils attendent la paix générale, ils dépendront entièrement de la discrétion des cours de Vienne et de Pétersbourg.

On observe encore par rapport aux Turcs que le commerce que les Français font dans les échelles du Levant, est très important, et que ce serait à présent le moment d'y apporter une altération considérable, à quoi la possession de l'île de Corse pourrait beaucoup contribuer. Au défaut d'une diversion, il faudrait s'attacher à déterminer la Porte de menacer la France de l'exclure totalement du commerce du Levant ou de la priver d'une partie des avantages et privilèges dont ses négociants y jouissent.

7° Par les lettres qu'on a du Danemark,1 cette cour paraît dans les dispositions qu'on pourrait désirer; si dans le moment présent la Russie se détache entièrement de l'alliance de l'Angleterre et prend fait et cause pour la maison d'Autriche, il est probable qu'on pourra disposer de l'assistance et des secours du Danemark, en lui promettant la garantie du Sleswig. L'Angleterre y gagnerait une flotte dans la Baltique et des troupes qui pourraient servir à couvrir l'électorat d'Hanovre. Il serait encore avantageux pour l'Angleterre qu'on tâchât d'empêcher la sortie des matelots norvégiens qui vont servir en France, ainsi que l'exportation des viandes salées de la Norvège dont on se sert maintenant en France au défaut de celles d'Irlande. Cette alliance entraînerait nécessairement la Suède, qui, se trouvant isolée, se jetterait entre les bras de l'Angleterre. Ce qui formerait un nouvel équilibre dans le Nord.

L'on croit que tous ces différents points méritent d'être examinés avec la plus scrupuleuse attention. L'on est persuadé qu'il n'y en a aucun d'inutile et que, pour peu que le ministère anglais réfléchisse aux véritables intérêts de sa nation, il en sentira l'importance et la nécessité, d'autant plus que, l'année prochaine étant celle où nos ennemis feront les plus grands efforts, et la situation la plus critique qu'occasionnera la présente guerre, il semble qu'en proportionnant ses efforts, sa vigilance et sa célérité à celles de ses ennemis, ce n'en est pas trop faire, surtout lorsqu'on considère que ce sera de la paix prochaine dont dépendra le sort de l'Europe, de sorte qu'on ne saurait agir avec trop d'efficacité pour la rendre bonne et stable.

Nach der Ausfertigung im British Museum zu London. Das Concept im Geheimen Staatsarchiv zu Berlin von der Hand Knyphausen's.


8417. A LA MARGRAVE DE BAIREUTH A ERLANGUE.

[Dresde,] 10 décembre [1756].

Ma très chère Sœur. Je vous rends mille grâces de la lettre que vous avez eu la bonté de m'envoyer. Ici tout est encore assez tran-



1 Vergl. S. 34. 35. 110. 125.