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8427. AU CONSEILLER PRIVÉ VON DER HELLEN A LA HAYE.

Dresde, 12 décembre 1756.

J'ai vu avec bien de la satisfaction la bonne nouvelle que vous m'avez marquée touchant l'espérance que vous avez qu'une augmentation de 20 à 25,000 hommes passera encore cette année-ci,1 et qu'à mesure que le danger approche, les gens de là-bas deviennent plus raisonnables; je souhaite de tout mon cœur que votre attente soit remplie et que ces gens ne laissent point écouler le temps pour se mettre en un état de vigueur, qui sans cela deviendra irréparable. Je vous rappelle à cette occasion ce que je vous marquai amplement à ce sujet par ma dépêche antérieure,2 ce que vous ne manquerez pas de leur représenter avec toute l'énergie possible, et que, par toutes les belles paroles dont les Français tâchent de les apprivoiser présentement, ils n'auront à la fin que le bénéfice de Polyphème d'être mangés les derniers.3 Ce n'est qu'une illusion à pure perte que de dire que la présente guerre ne regarde point la religion,4 qu'on n'y touchera pas et qu'on ne voudra que maintenir les stipulations de la paix de Westphalie. Quand une fois les deux princes protestants de l'Empire qu'on a regardés comme les plus puissants appuis des États protestants dans l'Empire, seront abaissés par les deux plus grandes puissances catholiques, ne seront-ils pas tous les premiers de la dépendance de celles-ci, qui leur donneront telles lois qu'elles voudront, et le clergé catholique ne voudra-t-il pas profiter d'une si grande supériorité pour accabler ce qui reste des Protestants? Que deviendra la garantie que la République avec nous autres a donnée sur la conservation de la religion réformée dans le pays de Hesse?5

Au surplus, comme il court un bruit très fort d'une convention qui s'était faite nouvellement entre les cours de Vienne et de Versailles, en vertu de laquelle la première céderait pour quelque temps les forteresses d'Ostende et de Nieuport,6 pour inquiéter les Anglais et faciliter aux Français le projet qu'ils pourraient bien reprendre de faire jouer de nouveau le Prétendant, vous tâcherez au mieux d'approfondir ces bruits qui ne manquent pas de vraisemblance.

Federic.

Nach dem Concept.


8428. AU MINISTRE DE LA GRANDE-BRETAGNE MITCHELL A DRESDE.

Dresde, 12 décembre 1756.

Je n'ai point voulu hésiter de vous communiquer, Monsieur, par la copie ci-jointe les nouvelles qui me sont parvenues de la part du duc tegnant de Brunswick. Outre celle qui y est à la fin, et qui regarde la conjecture sur une cession d'Ostende et de Nieuport à la France,



1 Vergl. S. 106.

2 Vergl. Nr. 8408.

3 Vergl. Bd. XIII, 383.

4 Vergl. Bd. XIII, 54. 55. 157.

5 Vergl. Bd. XI. 480.

6 Vergl. Nr. 8428.