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On a voulu porter le roi d'Angleterre d'accepter la neutralité pour Hanovre et de donner passage à l'armée française pour pénétrer jusques dans le Magdebourg, ce qui a été rondement refusé.1 Les Hanovriens et Hessois vont incessamment repasser dans le continent pour s'assembler auprès de Lippstadt, où la garnison de Wésel2 pourrait les joindre, selon les conjonctures.3

Le Maréchal4 a quitté le service ou doit le quitter incessamment, il est dégoûté. Kolowrat aura une armée à commander, c'est un dévot et d'ailleurs un plat général. A Vienne il y a autant de mésintelligence entre les ministres qu'il y en a dans l'armée; tout cela est bon et pourra nous donner de grandes facilités dans nos entreprises.

L'Empire revient de son égarement, beaucoup de princes retirent leurs vota, de sorte que l'Empereur est fort mécontent.

Du côté de la Prusse, tout est tranquille, et, malgré les intrigues de mes ennemis, je ne crois pas qu'Apraxin remuera avant le mois de mai : chi ha tempo, ha vita.

Voilà le tableau présent de l'Europe; quant à l'avenir, c'est à nous d'agir et de forcer les conjonctures à nous devenir favorables.

Je n'aurai fini ici mes arrangements qu'à la moitié du mois prochain, et je ne ferai cantonner les troupes que lorsque l'ennemi fera des mouvements pour se mettre ensemble. Adieu, mon cher Maréchal, je vous embrasse de tout mon cœur.

Federic.

Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.


8628. AU CONSEILLER PRIVÉ VON DER HELLEN A LA HAYE.

Dresde, 18 février 1757.

J'ai bien reçu les rapports que vous m'avez faits le 9 et le 11 de ce mois. L'on a accusé juste, quand on vous a dit que l'accession de la Russie au traité de Versailles5 a été avec l'exception que celle-là ne doit fournir à la France aucun secours contre le roi d'Angleterre, ni la France pareillement à la Russie contre la Porte Ottomane; stipulations que chaque partie sans doute voudra faire valoir, l'une auprès de l'Angleterre et l'autre envers les Turcs. La Russie ne s'oblige pas non plus à garantir la paix de Westphalie. Ce que je ne vous dis cependant que pour votre seule direction.

Quant à la marche des troupes françaises,6 j'ai de la peine à croire qu'elle se fera de si bonne heure qu'on vous l'a marqué.7 Il n'y a pas des magasins faits encore et, quoiqu'on en puisse amasser en quatre semaines peut-être, c'est toujours un temps de quatre semaines plus



1 Vergl. Nr. 8620.

2 Vergl. Nr. 8588.

3 Vergl. S. 276.

4 Feldmarschall Browne. Vergl. Nr. 8626.

5 Vergl. S. 164. 241.

6 Vergl. S. 282. 285. 286.

7 Nach Hellen's Bericht vom ii. Februar sollte ein französisches Corps noch vor Ende Februar aufbrechen.