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8654. A LA PRINCESSE GOUVERNANTE DES PROVINCESUNIES A LA HAYE.

Die Prinzessin von Oranien schreibt, Haag 14. Februar; „Monsieur. Jamais je n'ai été plus aise que de voir par la gracieuse lettre de Votre Majesté1 qu'Elle a reçu ma démarche avec tant de bonté. Je profite du retour du courrier d'Emmerich, pour envoyer la continuation des nouvelles intéressantes de Russie2 qui pourront peut-être avoir leur utilité, et je travaillerai toujours à mériter les sentiments d'amitié que Votre Majesté me promet, et dont je connais si fort le prix. J'envoie aussi les dernières nouvelles que nous avons de la marche des Fiançais, qui, je crains, n'est que trop sûre, bien qu'elle pourrait être un peu retardée. Enfin, je tremblerais de la situation critique où toute l'Europe se trouve, si je ne connaissais un homme qui paraît seul capable de défendre la religion et la liberté de l'Empire; je le laisse deviner à Votre Majesté, et je suis toujours avec la plus parfaite considération, Monsieur, de Votre Majesté la très humble et très obéissante sceur, cousine et servante

Anne.“

„Extrait d'une lettre de M. van Haren, ministre de Leurs Hautes Puissances à la cour de Bruxelles, en date du 8 février 1757

Il y a déjà quelques jours que le bruit se répandit généralement par toute la ville d'un passage prochain d'une armée ou d'une partie d'une armée française par ce pays et même par Bruxelles. Je ne me trouvai pas suffisamment instruit de la certitude de ce bruit, pour en faire mention dans ma dernière, toute sorte de nouvelles ayant été démenties aussitôt que débitées pendant tout l'hiver dans ces cantons.

Cependant, je viens d'être informé que rien n'est plus certain et que 90 bataillons et 70 escadrons3 avec une nombreuse artillerie doivent effectivement passer avant la fin de ce mois, soit tous par la ville, soit par le voisinage en partie. Des informations sûres me sont aussi parvenues que les magasins sont tous formés, et que de grandes sommes d'argent sont arrivées de France. Ainsi comme je ne peux plus douter de la vérité de cette marche future, j'ai cru ne pas devoir attendre un instant d'en informer Votre Altesse Royale et M. le greffier Fagel.“

[Dresde,] 24 février 1757.

Madame. Dans des circonstances où la plus grande partie de l'Europe se déclare contre moi, que pouvait-il m'arriver de plus consolant que de recevoir tout de suite tant de témoignages non suspects de l'intérêt que Votre Altesse Royale daigne prendre à ce qui me regarder En vérité, Madame, ce sont de ces choses qui ne s'effacent de la vie, et dont le souvenir et la reconnaissance doivent rester gravés dans mon coeur comme sur de l'airain.

La crise d'à présent est terrible, il est vrai, mais quand on trouve, dans des situations aussi épineuses, de l'amitié et des personnes dont la façon noble de penser leur fait prendre part aux risques et aux embarras dans lesquels Von se trouve, alors il ne faut désespérer de rien. Je tâcherai. Madame, de ne me rendre indigne ni de votre confiance ni de votre estime, et quoique je ressente tout le poids du fardeau que je suis obligé de porter, je ne désespère de rien, heureux si je peux me



1 Nr. 8582.

2 Es sind die am 22. Februar Mitchell und Lehwaldt mïtgetheilten Nachrichten aus Russland. Vergl. Nr. 8641. 8642.

3 Vergl. S. 286.