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J'ai toujours de nouvelles obligations à vous rendre de la part obligeante et de l'intérêt que vous daignez prendre à ma situation. Si vous daignez entrer en explication avec la personne qui vous a fait des ouvertures,1 pour savoir sur quoi doit rouler notre accommodement, je suis fermement persuadé que je n'ai offensé personne de son pays, je ne comprends donc pas ce que l'on peut exiger de moi, et je ne sais ce qu'on demande, d'ailleurs il faudrait pourtant être sûr que la personne en question est autorisée de ses supérieurs.

Quant à mes affaires, je vous jure que je ne crains personne, et que je sais les moyens pour me tirer d'affaire infiniment mieux que mes ennemis ne le présument. Si vous aviez la bonté d'engager celui que vous savez, à faire quelque ouverture, on pourrait peut-être commencer à voir plus clair dans l'intention de ces gens-là. Je vous écris d'une façon sèche, parcequ'il m'est revenu qu'un parti d'Autrichiens a été à Hof, et qu'au cas que ma lettre s'égare entre leurs mains, ils n'en puissent pas tirer grand parti. Si je savais qu'elle pût parvenir entre les mains de Madame la reine de Hongrie et de son roi de Jérusalem, de son empereur juif,2 je prendrais la liberté de leur dire que dans peu je les ferai repentir de leur impertinence, et que, malgré leurs alliances, qui les rendent si vains et si orgueilleux, on trouvera le moyen de leur donner des leçons de politesse, dont ils ont très grand besoin.

Voilà, ma chère Sœur, ce que les hussards autrichiens me permettent de vous dire; ne vous embarrassez pas de moi, l'envie de frotter les oreilles à mes gueux d'ennemis me donne une santé d'athlète. Je ne me suis jamais mieux porté, et je ne regretterai point la vie, si en mourant je peux dire: « Mes derniers regards ont vu fuir les Autrichiens.  » Vous, ma Minerve, vous, mon Caton, vous êtes pour moi; que m'importe que la France, la Russie et les Myrmidons tudesques suivent servilement le parti de leurs tyrans! Enfin, ma chère Sœur, bon cœur et bon courage, vous verrez que j'aurai le bonheur de vous embrasser et de vous rendre grâce de la protection que votre puissant génie a accordée à ma cause. Tous mes vœux sont pour vous, et je serai avec la plus tendre estime jusqu'au dernier moment de ma vie, ma très chère Sœur, votre très fidèle frère et serviteur

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.


8784. A LA PRINCESSE GOUVERNANTE DES PROVINCESUNIES A LA HAYE.

Die Prinzessin Anna schreibt, Haag 19. März 1757: „Monsieur. Il m'est impossible de trouver des expressions assez fortes, pour marquer à Votre Majesté à quel point j'ai été touchée de la confiance qu'Elle me témoigne dans Sa lettre du



1 Das Schreiben der Markgräfin, auf welches diese und die noch folgenden Bemerkungen sich beziehen, liegt nicht mehr vor. Vergl. schon S. 185. 193. 213.

2 Vergl. Œuvres de Frédéric le Grand, IV, 8.