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8797. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.

Lockwitz, 31 mars 1757.

J'ai reçu à la fois les dépêches que vous m'avez faites depuis le 11 jusqu'au 18 inclusivement. Personne n'est mieux informé que vous que ce sont les ministres anglais qui m'ont fait la première ouverture d'une escadre que l'Angleterre enverrait dans la Baltique, pour y protéger mes côtes contre des débarquements des Russiens, et qu'ils s'y sont engagés de leur propre mouvement.1 Ainsi donc que cela me serait un furieux revers, si, à présent et après y avoir fermement compté et pris mes autres arrangements en conséquence, ils voudraient hésiter d'accomplir leur engagement là-dessus.

Ce que vous représenterez aux ministres, quoiqu'avec douceur, en leur faisant envisager les fâcheuses conséquences qui en résulteraient pour moi et pour la cause commune également, quand, privés de tout secours d'une escadre anglaise dans la Baltique, les côtes de mes provinces situées là devaient être abandonnées à la discrétion des galères russes, pour y exercer impunément leurs rapines et leurs déprédations et y débarquer des troupes toutes et quantes fois qu'ils voudraient. Que l'article était important et essentiel; que ce n'était pas une grande flotte que je demandais, qu'il me suffisait une escadre de cinq ou six vaisseaux de guerre avec quelques autres vaisseaux de moindre rang, qui sûrement tiendrait en respect tout ce qui voudrait se montrer de vaisseaux des Russes. Qu'il ne fallait que se souvenir de l'année de 1718, où à peu près sept ou huit vaisseaux de guerre avaient tenu bloquée toute la flotte de Russie, bien plus formidable alors qu'aujourd'hui, pour n'avoir pas osé sortir du port de Kronstadt pendant plusieurs mois.2 Qu'au surplus, quoique je ne saurais juger des raisons que l'Angleterre avait de paraître en force supérieure aux escadres combinées des Suédois et des Danois,3 cette affaire ne me regardant pas directement, je croyais cependant qu'une escadre anglaise, telle qu'elle soit, se ferait toujours respecter dans ces mers, et qu'aucune des puissances susdites n'oserait jamais s'y jouer en aucune manière; mais qu'une petite escadre de cinq à six vaisseaux anglais serait suffisante de protéger mes côtes contre toute insulte, ne fût-ce que par démonstration.

Au reste, je ne veux pas vous laisser ignorer un avis que je viens de recevoir de très bonne et sûre main,4 qu'il est passé lé 19 de ce mois un courrier russien par la Haye, allant porter des dépêches à Londres, où il s'agit d'une nouvelle proposition de la cour de Pétersbourg au roi d'Angleterre qu'on n'attaquerait l'électorat d'Hanovre, à condition qu'il n'envoie point d'escadre dans la Baltique pour garantir les côtes de Prusse et de Poméranie. L'on m'ajoute que ce courrier



1 Vergl. S. 349. 351. 397. 426; Bd. XIII, 34, Anm. 5.

2 Die Angaben sind nicht ganz zutreffend. Vergl. Brückner, Peter der Grosse. S. 443. 444. (Berlin 1879.)

3 Vergl. S. 345.

4 Vergl. Nr. 8798.