<86>voir les secours des Autrichiens. Au premier mouvement que nos troupes rirent pour marcher en Poméranie et se trouver à portée de joindre le maréchal de Lehwaldt en cas de besoin, les Saxons abandonnèrent toutes les garnisons limitrophes du Brandebourg et prirent leur position entre la Mulde et l'Elbe, ils rentrèrent ensuite dans leurs quartiers et repartirent pour la seconde fois s'établir dans leurs cantonnements. Comme on savait l'intention qui les faisait agir, on prit des arrangements en conséquence, et le Roi dirigea la marche de ses troupes sur Pirna, en les distribuant en trois colonnes. La première partit du duché de Magdebourg sous les ordres du prince Ferdinand de Brunswick, elle se porta sur Leipzig, Borna, Chemnitz, Freiberg, Dippoldiswalde à Cotta. La seconde, où se trouvait le Roi, marcha par Pretzsch, Torgau, Lommatzsch, Wilsdruff, Dresde et Zehist. La troisième, commandée par le prince de Brunswick-Bevern, traversa la Lusace, se dirigea sur Elsterwerda, Bautzen, Stolpen à Lohmen. Ces trois colonnes arrivèrent le même jour au camp de Pirna, dont elles formèrent l'investissement.

Il est très nécessaire pour l'éclaircissement et pour l'intelligence des faits postérieurs d'entrer dans un détail circonstancié du poste de Pirna. Sa droite se trouvait appuyée à la forteresse de Sonnenstein, sa gauche au Kœnigstein, son front était inabordable. La nature s'est complue dans ce terrain bizarre à former une espèce de forteresse à laquelle l'art n'a aucune part. Pour s'en faire une idée, il faut se représenter des rochers escarpés, couverts en quelques endroits par de gros pins dont les Saxons avaient fait de bons abattis; derrière le Sonnenstein et Pirna coule l'Elbe entre des rocs escarpés et inabordables. Dès que l'armée prussienne se fut campée à l'entour de ce poste, on ne fut pas longtemps à s'apercevoir que, malgré la faiblesse de l'armée saxonne, le terrain qu'elle avait pris, était si avantageux qu'on ne le pouvait attaquer, sans faire des pertes considérables. Ceci fit résoudre à changer l'attaque en blocus et à traiter plutôt ce corps d'armée en ville assiégée qu'en poste attaquable selon l'usage de la guerre de campagne. De leur côté, les Saxons faisaient ce qu'ils pouvaient pour persuader à nos généraux de passer outre et de les laisser en arrière, sans les entamer, mais l'expérience du passé avait rendu les Prussiens sages pour l'avenir, on ne voulut ni pousser de pointe, ni laisser d'ennemi derrière soi; il fut résolu de bloquer exactement les Saxons et de former une armée d'observation pour empêcher les secours que les Autrichiens auraient pu leur donner, en conséquence de quoi on occupa les postes de Leupoldishayn, Markersdorf,1 Hellendorf, Hennersdorf, Cotta, Zehist, Sedlitz, jusqu'à l'Elbe, où notre pont nous joignait avec les postes de Lohmen, Wehlen, Ober-Rathen et Schandau.



1 Wohl „Markersbach“ . So in der „Histoire de la guerre de sept ans“ (Œuvres IV, 84), deren Darstellung die obige Relation jedenfalls zu Grande gelegen hat.