8350. AU MINISTRE DE LA GRANDE-BRETAGNE MITCHELL A DRESDE.

Dresde, 19 novembre 1756.

Monsieur. Il y a peu de jours que je vous communiquai un avis fidèle qui m'était venu, touchant les desseins de la France contre les États de Sa Majesté Britannique en Allemagne et contre les miens.54-5 Voici un autre encore qu'on vient de me donner au sujet des entreprises que les Français méditent, et pour l'exécution desquelles ils font actuellement des préparatifs par rapport aux possessions de l'Angleterre aux Deux-Indes, qui m'a paru trop important pour ne pas vous en faire d'abord communication par la note ci-close, afin que vous en sachiez instruire incessamment votre cour. Puisse tout ce mal que la France<55> médite de faire à l'Angleterre, contribuer à la réunion des esprits des ministres britanniques et à faire cesser les brouilleries qui malheureusement se sont élevées entre eux,55-1 afin qu'une bonne administration soit le plus tôt rétablie, pour qu'on travaille avec unanimité à s'opposer efficacement aux desseins et aux projets pernicieux de nos ennemis communs. Je connais trop votre zèle pour la bonne cause, pour vouloir seulement douter que vous ne veuillez d'abord informer votre cour des susdits avis et employer vos soins à ce qu'on songe de bonne heure à prévenir tous les maux qu'on médite contre la dignité et contre le bonheur du royaume et de la nation. Et, sur ce, je prie Dieu etc.

Federic.

La cour de France55-2 se propose d'entreprendre incessamment et peut-être même avant la fin de l'année une puissante diversion contre les États que l'Angleterre possède dans l'Inde, dont le but est de former le siège de Madras et de s'emparer des magasins et comptoirs qui y sont établis. On projette d'envoyer pour cet effet un corps de 5 ou 6,000 hommes à Pondichéry, qui, après avoir mouillé dans ce port et s'y être pourvus des choses nécessaires pour cette expédition, se mettront en marche pour se porter à l'exécution de cette entreprise. Cette opération vient d'être proposée par le sieur de Lally, maréchal de camp au service de France et colonel d'un régiment irlandais, qui sera chargé, à ce qu'on assure, du commandement des troupes qu'on embarquera pour cet effet, et qui mettront, à ce qu'on croit, à la voile dans le courant du mois de décembre ou dans les premiers jours de celui de janvier. Les notions qu'on prétend avoir ici des dispositions du roi de Golconde et des autres princes de l'Inde en faveur de la Fiance, jointes a celles qu'on a sur la situation de Madras et sur l'état où se trouve cette place, font concevoir au ministère de France les augures les plus favorables de la réussite de cette entreprise. Oh espère que le succès sera tout aussi prompt que dans la dernière guerre lors de la prise de cette ville par le sieur de Labourdonnais.55-3 . . . Comme on se propose ici de tirer tout le parti possible des avantages qu'on a eus cette année en Amérique, on médite de faire un nouvel envoi de troupes au Canada, qui aura lieu incessamment, et qui consistera environ en 2,600 hommes du corps des volontaires étrangers, levé, il y a quelque temps, par le colonel Fischer.55-4 Les ordres nécessaires pour cet effet sont déjà expédiés, et cette troupe sera embarquée en différents ports sur des bâtiments marchands qu'on frétera pour cet effet.

Nach der Ausfertigung im British Museum zu London.

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54-5 Vergl. Nr. 8314.

55-1 Vergl. S. 38.

55-2 Nach dem Immediatbericht Knyphausen's, d. d. Paris 1. November.

55-3 21. September 1746.

55-4 Vergl. Bd. XIII, 236.