8453. AU FELD-MARÉCHAL COMTE DE SCHWERIN A NEISSE.

Dresde, 19 décembre 1756.

Mes nouvelles, mon cher Maréchal, sont entièrement conformes aux vôtres. Browne n'a que le magasin de Prague, Piccolomini celui de Pardubitz et celui d'Olmütz; [on] est à intention de rassembler encore un corps de ce côté-là, car ces gens en voudraient à Cosel. Quand Browne sera à Vienne, on fera avec lui le projet de campagne, et dès que je saurai le gros de ses ordres, je ferai mes petites réflexions; après quoi je m'aboucherai avec vous en Silésie,152-3 pour que nous prenions nos résolutions.

Nous aurons, mon cher Maréchal, bien des ennemis à combattre, mais je ne crains rien. J'ai d'excellents généraux, d'admirables troupes,152-4 et si le Ciel ne me prive pas du bon sens, j'espère de faire aussi mon devoir de mon côté. Je crois, selon toutes les apparences, que leur dessein est d'envoyer en Haute-Silésie des croates avec la cavalerie saxonne,152-5 de venir avec une armée vers la Basse Silésie, avec une autre vers la Lusace, un corps qui passera la Thuringe, pour entrer par le Halberstadt dans le Magdebourg, et un corps volant pour m'enlever<153> mes magasins de l'Elbe, pendant qu'ils croiront par leurs mouvements m'éloigner de cette rivière. Outre tout ceci, ils auront une armée dans l'Empire, pour subjuguer les princes et les cercles et leur donner la loi.153-1 Si telle est leur disposition, il faudra voir de quel côté on pourra frapper le plus grand coup; tomber en force sur l'une de ces armées, l'abîmer, si l'on peut, et ensuite se tourner vers les autres. Mais nous aurons le temps d'éplucher cette matière et d'en raisonner avec plus de connaissance de cause.

Je ne puis jusqu'à présent vous rien dire de positif sur les Russes, cela est encore incertain, mais je ne désespère pas encore.

A tout hasard, j'ai trouvé à propos d'ordonner une augmentation dans la cavalerie et les dragons, d'un officier par escadron, de deux bas-officiers et de 12 hommes et chevaux. Il faut faire tous les efforts imaginables, pour résister à nos ennemis, il faut les terrasser et, ne redoutant ni leur nombre ni leur puissance, se faire un honneur d'avoir une tâche difficile à remplir. On paie un danseur de corde, mais on ne donne rien à un homme qui marche uniment par les rues,153-2 et il n'y a de réputation dans le monde que pour ceux qui surmontent les plus grandes difficultés. Adieu, mon cher Maréchal, je vous embrasse. Prenez tous les soins possibles de votre santé, l'État a grand besoin de vous l'année prochaine;153-3 c'est alors qu'il faudra combattre pro aris et focis. Soyez persuadé de mon estime et de ma considération.

Federic.

Nach Abschrift der Cabirjetskanzlei. Die Ausfertigung war eigenhändig.



152-3 Vergl. S. 139.

152-4 Vergl. S. 140.

152-5 Die den Oesterreichem überlassenen fünf sächsischen Reiterregimenter in Polen. Vergl. S. 101.

153-1 Vergl. S. 13S.

153-2 Vergl. S. 109.

153-3 Vergl. S. 12.