8631. A LA MARGRAVE DE BAIREUTH A ERLANGUE.

[Dresde,] 19 [février 1757].

Ma très chère Sœur. Est-il possible qu'étant accablée par des chagrins domestiques, comme vous l'êtes,289-2 vous pensiez encore, ma chère Sœur, à mes affaires? En vérité, rien ne marque plus votre bon cœur et la part que vous daignez prendre aux misères héroïques qui m'occupent. Il est bien sûr qu'il est honteux de me battre, à mon âge, contre quatre femmes furieuses qui me préparent le sort d'Orphée; mais il faut se défendre et apprendre à ces dames à quitter l'épée pour reprendre la quenouille.

Ne craignez rien, ma chère Sœur, dans cette guerre pour ma personne; il n'y a que les bons sujets qui périssent : les médiocres et ceux de mon acabit restent toujours. Nous sommes encore très tranquilles dans nos quartiers, nous nous renforçons tous les jours, et, vers la fin de ce mois, tout sera arrivé à l'armée. Cependant, la campagne ne pourra guère s'ouvrir avant le mois de mai, et alors encore les choses ne se décideront pas d'abord. Il faudra bien que le mois de juin arrive pour éclaircir notre sort. Daignez vous tranquilliser sur mon sujet, et que votre amitié qui m'est si précieuse, ne me donne aucun remords.

Notre chère mère est entièrement hors d'affaire;289-3 elle est encore faible, mais cela reviendra. Je crains, comme vous, pour le retour de cette maladie. Il serait à souhaiter que la Reine prît plus d'exercice; mais il n'y faut point penser, nous y avons perdu notre latin : rien ne peut l'y persuader. Je fais mille vœux pour votre conservation et pour l'affermissement de votre santé précieuse, vous suppliant de me croire avec la plus vive tendresse, ma très chère Sœur, votre très fidèle frère et serviteur

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.



289-2 Die Markgräfin hatte von Zwistigkeiten Mittheilung gemacht, welche zwischen ihrer Tochter und dem Gemahl derselben, dem Herzoge von Württemberg, entstanden waren.

289-3 Vergl. S. 254.