8662. AU CONSEILLER PRIVÉ VON DER HELLEN A LA HAYE.

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Hellen berichtet, Haag 18. Februar: „En conséquence des ordres de Votre Majesté, j'ai tenté de parler au comte Golowkin, il y a quelques semaines, et j'ose assurer Votre Majesté qu'il est toujours bien intentionné,322-1 qu'il souffre du train que prennent les affaires à sa cour, et qu'il fait en secret des vœux que Dieu veuille continuer de La bénir, comme il me l'a dit quelquefois à l'oreille. Il m'a envoyé son fils, à qui ayant dit ce que Votre Majesté m'a écrit de gracieux sur le sujet du père, dont lui ayant rendu compte, il m'en rapporta la réponse que ce digne ministre en était pénétré de reconnaissance et extrêmement sensible, ajoutant qu'il devait avouer à Votre Majesté qu'étant sorti depuis si longtemps de Russie, il n'y avait presque aucun crédit, ni n'était du secret et qu'il se passait quelquefois plus de quatre semaines, sans qu'il reçût des dépêches; mais qu'autant qu'il pouvait juger, il paraissait qu'on y en voulait tout de bon à la Prusse, qu'il croyait, quant à lui, qu'une colonne de l'armée d'Apraxin ferait peut-être semblant de prendre le chemin de Grodno et tournerait ensuite brusquement à droite. Enfin que, selon lui, Votre Majesté ne ferait pas mal d'entretenir un corps de 30 à 40,000 hommes en Prusse, qui tiendrait leur armée assez en respect.“

Dresde, 27 février 1757.

Le rapport que vous m'avez fait du 18 de ce mois, m'a été fidèlement rendu, et je laisse le soin à mes ministres de vous instruire à ce que vous aurez à répondre au sujet de la lettre écrite par le nommé Müller au sieur Gross,322-2 quand il arrive qu'on vous en parlera.

Quant aux choses que vous avez apprises par le comte Golowkin, vous tâcherez de trouver l'occasion convenable pour l'assurer de ma part combien je suis sensible de ses sentiments amiables qu'il me garde invariablement, et combien j'en reconnais le prix. Vous lui donnerez, d'ailleurs, les plus fortes assurances que jamais il n'aura à risquer avec moi que ses confidences soient trahies; que j'en garderais le secret le plus impénétrable, et que son nom n'y apparaîtrait du tout et du grand jamais, quand il aurait la bonté de vous ouvrir quelque avis.

Au surplus, vous devez continuer de m'informer fidèlement de tout ce que vous apprendrez sur les affaires du temps présent.

Je vous sais gré du catalogue de quelques beaux tableaux à vendre à Amsterdam, dont, cependant, je ne saurais faire à présent usage, le temps n'étant nullement propre à faire de pareilles emplettes.

Federic.

P. S.

Comme vous n'ignorez pas que presque toutes mes correspondances en France ont fini,323-1 depuis que mes engagements avec la France ont cessé et qu'elle s'est jointe à mes ennemis, j'ai bien voulu vous informer, quoique sous le dernier secret, qu'il y a à Paris un de mes sujets, nommé de Weyler, frère du maître de poste à Wésel, qui est employé là en qualité de secrétaire d'ambassade de la République, qui, selon toutes les apparences, se chargerait avec plaisir de cette correspondance, si je l'en faisais requérir et qu'il y fût autorisé, par un ordre de Madame la Princesse Gouvernante Douairière, pour donner son attache à cette correspondance, et qu'elle consentît que les lettres du sieur Weyler passassent par le canal de l'ambassadeur de Hollande, conformément aux mesures qu'on y prendrait. Mon intention est donc que vous devez chercher l'occasion de sonder à cet égard Madame la Princesse avec un compliment bien obligeant de ma part, sans que cela soit trop remarqué, et au cas qu'elle consentît à ma demande, de la prier de permettre qu'un de ses courriers portât au sieur de Wey1er, à l'adresse de M. de Berkenrode, ambassadeur de la République à Paris, les chiffres, instructions et autres papiers dont ledit sieur Weyler aurait besoin.

Vous vous acquitterez au plus tôt mieux de cette commission et m'en ferez votre rapport immédiatement et seul avec toute la diligence possible.

Federic.

Nach dem Concept.



322-1 Vergl. S. 192.

322-2 Der sächsische Cabinetssecretär Müller, der Eigenthümer des Hauses in Dresden, in welchem früher der russische Gesandte Gross seine Wohnung gehabt, hatte, Dresden 21. November, an Gross einen Brief gerichtet, in welchem die in Müller's Haus gelegte Einquartierung als eine schwere Verletzung der Gesandtenrechte dargestellt wurde. Dieses Schreiben hatte am petersburger Hofe grosse Aufregung hervorgerufen und Veranlassung gegeben zu einem am 21. Januar an die russischen Gesandten im Auslande gerichteten Circularrescript; der König von Preussen ward des Bruchs aller Völkerrechte angeklagt. Vergl. S. 96. 97 und Nr. 8643 S. 303.

323-1 Vergl. S. 249; Bd. XIII, 582.