8679. AU FELD-MARÉCHAL COMTE DE SCHWERIN A NEISSE.

Dresde, 2 mars 1757.

J'ai reçu, mon cher Maréchal, la lettre que vous m'avez faite du 27 de février. Soyez persuadé que je vous sais tout le gré possible des avis que vous me communiquez des mouvements que les troupes ennemies font en Bohême, et que ce n'a point été par un motif de mécontentement, quand je vous ai marqué les raisons334-1 qui m'empêchent de vous envoyer d'abord les régiments que je vous ai destinés, selon que la situation et les mouvements de l'ennemi le demanderont; mais considérez vous-même, je vous prie, si c'est une saison pour entreprendre des opérations de campagne. Je ne doute pas de l'envie et du dessein que l'ennemi peut avoir pour faire une incursion, mais d'assembler une armée pour entrer en campagne, c'est ce que je tiens absolument pour impossible.

Dans la Lusace, j'ai été obligé de faire marcher en avant tous les régiments,334-2 où il faut que je les laisse rester encore; j'ai même trouvé nécessaire de faire marcher le régiment de dragons d'Eugène-Würtemberg aux environs de Greifenberg,334-3 vu que l'ennemi rassemble presque toutes ses troupes irrégulières avec des troupes réglées du côté de la Lusace et qu'il paraît qu'il a un dessein sur Zittau, après le petit succès qu'il a eu.334-4

Au surplus, je ne crois pas que votre intention soit d'avoir deux armées séparées en Silésie; car, pour ce qui regarde la Haute-Silésie, il ne paraît pas qu'il y en aura besoin d'une, après, comme vous le remarquez vous-même, que l'ennemi retire ses magasins aux frontières de la Moravie et que les régiments de l'armée de Piccolomini se rapprochent insensiblement vers la Basse-Silésie. Voilà pourquoi [il est : aussi inutile de conserver beaucoup de forces dans la Haute-Silésie, et à vous parler cordialement, si j'avais été à votre place, j'aurais déjà envoyé, pendant que l'ennemi retira ses forces de la Moravie vers la Bohême, un gros d'infanterie vers Frankenstein et Reichenbach, pour être là à portée.

Quant aux 900 recrues que les régiments ont à Breslau, je suis fâché qu'ils ont oublié ce que je leur ai d'abord déclaré, quand je me chargeais de la paye de ces gens, que ce n'était que pour la campagne passée; après quoi, ils s'en complèteraient de ce qu ils avaient de places vacantes. Or, comme ils n'ont point pris garde à cela, ce n'est pas<335> par ma faute, et bien que je ne ménage pas l'argent qu'il faut pour soutenir les frais indispensables de la guerre, il faut cependant aussi qu'il y règne une certaine économie et que la chandelle ne brûle à tous bouts à la fois, par trop de dépenses, afin de ne pas m'épuiser dès le commencement.

Federic.

Nach dem Concept.



334-1 Vergl. S. 309. 313.

334-2 Vergl. S. 333.

334-3 Vergl. S. 325.

334-4 Vergl. S. 304.