8747. AU LANDGRAVE DE HESSE-CASSEL A CASSEL.

Dresde, 19 mars 1757.

Monsieur mon Cousin. La lettre que Votre Altesse vient de me faire du 14 de ce mois, m'est une nouvelle preuve de Son amitié parfaite et invariable pour moi, dont je ne saurais Lui exprimer assez ma reconnaissance. Je ne comprends que trop que Votre Altesse ne Se trouve pas présentement à même de pouvoir décliner la réquisition que la France Lui a faite pour le libre passage à Rheinfels des munitions de guerre et de bouche qu'elle va faire descendre le Rhin pour le service de son armée,388-5 et qu'il faut que Votre Altesse Se prête de bonne grâce à un article auquel Elle n'a pas actuellement les moyens<389> en mains de S'y opposer efficacement. Je suis cependant bien aise de Lui dire que je suis après de m'arranger avec le roi d'Angleterre pour assembler une armée bien forte en Westphalie,389-1 afin de nous opposer de ce côté-là à toute entreprise que les Français y voudraient former, et que, d'ailleurs, j'ai mes arrangements tous pris qu'au cas que les Français voudraient risquer le hasard de passer avec un corps d'armée par le pays de la domination de Votre Altesse sur la ville d'Erfurt,389-2 nous les recevrons bien rudement et les ferons rebrousser chemin d'une façon qu'ils auront tout lieu de regretter d'avoir entrepris sur le territoire de l'Allemagne, ainsi que Votre Altesse pourra toujours être assurée qu'Elle ne manquera pas de soutien et d'assistance. Je La prie d'être persuadée de toute l'étendue des sentiments d'estime et d'amitié avec lesquels je suis à jamais, Monsieur mon Cousin, de Votre Altesse le très bon cousin Federic.

P. S.

C'est encore par la parfaite confiance que j'ai à la bonté et à l'amitié dont Votre Altesse m'a donné tant de marques, que j'ose La prier de vouloir bien envoyer quelqu'un de Ses officiers entendus vers les lieux où les troupes françaises s'assemblent pour former l'armée au Bas-Rhin, afin de s'informer au juste de leur nombre et surtout du temps et du lieu où cette armée s'assemblera.

Et comme d'ailleurs il court un bruit qu'outre ladite armée au Bas-Rhin, il y aurait un autre corps d'armée de 20,000 hommes assemblé en Alsace, Votre Altesse m'obligera infiniment, s'il Lui plaît d'ordonner encore à quelques officiers de se rendre vers ces contrées, pour s'informer également sur la vérité de ces bruits, afin que j'en saurais être exactement instruit de toutes ces circonstances, pour savoir prendre mes mesures là-dessus. Votre Altesse sera persuadée de la reconnaissance que je Lui en aurai, et du parfait secret que je Lui en garderai.

Nach dem Concept.



388-5 Vergl. Nr. 8737.

389-1 Vergl. S. 363. 385.

389-2 Vergl. S. 355. 362. 378. 392.