<264> vivement affligé, et que je regrette surtout que Son pays se trouve en partie innocemment exposé à ces vexations et ces mauvais procédés dont les Français en usent vers eux. C'est aussi pourquoi il serait bien à désirer que le duc de Cumberland, voyant les troupes françaises aussi éparpillées qu'elles le sont actuellement en de petits corps, puisse trouver moyen d'en battre quelques-uns en détail, ce qui changerait là bien la face des affaires.

Au surplus, la lettre que Votre Altesse m'a faite, m'a été rendue, lorsque j'ai été en marche vers ici pour me rendre en Saxe. Mon intention n'a pas été de quitter sitôt la Bohême, et je m'y serais soutenu sans peine ni difficulté jusqu'à la mi-août au moins, si par malheur il n'était arrivé que mon frère le Prince de Prusse, à qui j'ai donné le commandement d'un corps d'armée séparé pour couvrir la Lusace et la Silésie, eût laissé gagner sur soi, à l'armée autrichienne sous les ordres du prince Charles et du maréchal Daun, une marche de Niemes vers Zittau, en sorte qu'il n'a pas pu soutenir ni secourir l'avant-poste de Gabel, qui, à ce que j'apprends, a été emporté par l'ennemi, et que la Lusace avec les magasins qu'il y a se trouvent menacés. C'est ce qui est la cause pourquoi je n'ai pas eu lieu d'être bien content de la conduite de mon frère, de sorte que je me vois obligé d'y aller moimême avec quelque corps de troupes, afin d'y voir moi-même et de remédier aux inconvénients, si j'en trouve.

Au surplus, parmi le grand nombre de mes ennemis qui me viennent de tous côtés, je ne puis que songer à des moyens désespérés pour m'aider, en sorte qu'il ne saura guère durer longtemps que Votre Altesse n'en apprenne le succès.

Je suis avec cette haute considération et cette amitié la plus cordiale et la plus constante qu'Elle me connaît, Monsieur mon Frère et Cousin, de Votre Altesse le bon frère et cousin

Federic.

Nach dem Concept.


9224. AU CONSEILLER PRIVÉ VON DER HELLEN A LA HAYE.

Quartier général de Luschitz, 23 juillet 1757.

J'ai bien reçu vos trois derniers rapports du 5, 10 et 13 de ce mois. Je vous dirai d'abord, quant au directeur de la compagnie d'Emden, Teegel, qu'il en a très bien agi en pensant que le vaisseau de la compagnie attendu de retour de la Chine ne saurait avec sûreté entrer dans le port d'Emden, puisque la perte dudit vaisseau et de sa charge pour le compte de mes sujets en serait immanquable.1

Le plus sûr sera que ce vaisseau avec sa charge entre à Amsterdam ou, comme vous le proposez, dans un port anglais, quoique le premier expédient me paraisse le meilleur et le plus sûr. Les considé-



1 Vergl. S. 225.