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Mardi dernier1 le comte de Colloredo, ayant reçu un courrier du ministre de Vienne à Paris, demanda une conférence pour le lendemain au baron de Münchhausen,2 à laquelle il se rendit accompagné des ministres de Russie et de Danemark,3 et où il étala le projet ci-joint,4 en disant que les deux ministres ci-dessus nommés avaient ordre de l'appuyer, comme ils le firent, et en ajoutant en son particulier que Votre Majesté ne cherchait pas mieux que de quitter à la première occasion l'alliance de l'Angleterre; qu'Elle avait même déjà négocié avec le comte de Salmonr5 pour cet effet; que lui, Colloredo, avait des pièces en main qui constateraient ce fait, et que, par conséquent, ce devait être un motif de plus pour ne pas négliger l'occasion de sauver l'électorat du danger dont il était menacé; mais le baron de Miinchhausen, autant indigné que choqué d'un pareil procédé et de propositions aussi outrageantes, répondit d'abord an comte de Colloredo qu'il aimerait mieux se couper la main que de les signer; qu'il en rendrait compte au Roi son maître, et qu'en attendant il pouvait l'assurer d'avance qu'on ne les accepterait pas . . . [Le Roi a ordonné au baron de Miinchhausen] de me faire part de la réponse qu'il lui avait enjoint de faire aujourd'hui au comte de Colloredo, savoir que la gloire et la dignité de Sa Majesté Britannique et les en-

prescrire le compliment le plus affectueux et le plus obligeant à faire à ce ministre pour ces sujets, dont cependant vous vous acquitterez au mieux possible de ma part.

Je ne saurais cependant laisser passer, sans en relever quelque chose, cette infame calomnie dont le comte de Colloredo a pris à tâche de me noircir auprès du roi d'Angleterre et ses ministres, en m'imputant des chipoteries secrètes avec le comte Wackerbarth-Salmour, pour me raccrocher avec la cour de Saxe. Quoiqu'il ne faudrait voir que sur les articles de cette brochure infame et controuvée6 qu'on ait voulu produire, vous pouvez assurer aux ministres que, si jamais avait paru une pièce absolument fausse et malicieusement inventée, c'est précisément celle dont il s'agit, que vous déclarerez telle et comme une insigne preuve des voies dont les Autrichiens se servent pour parvenir à leurs vues, sans s'arrêter aux mensonges les plus indignes et les plus noirs.



1 26. April.

2 Baron Philipp Münchhausen.

3 Barou Rantzau.

4 Das Project ist betitelt: „Precis d'une convention de neutralité entre l'impératrice-reine de Hongrie et de Bohême et Sa Majesté Britannique, en qualité d'Électeur et prince de l'Empire“ . Gedruckt bei: Hassell, Die schlesischen Kriege und das Churfürstenthum Hannover. (Hannover 1879.) S. 505 ff.

5 Graf Wackerbarth-Salmour. Vergl. Bd. XIV, 559.

6 Der „Precis des propositions faites au comte de Wackerbarth-Salmour à Dresde“ ist nicht von Michell eingesandt, sondern von Mitchell auf Befehl seines Hofes dem Könige überreicht worden. Mitchell berichtet an Holdernesse, Lager von Weleslawin 18. Mai (secret), er habe die beiden Schriftstücke, welche am 29. April Holdernesse ihm zugesandt — d. h. den „Precis d'une convention“ und den „Précis des propositions“ — dem Könige übergeben. „The King of Prussia said smiling he knew what the terms of neutrality were, and also in what manner they were intended to be observed by those that offered them. I then begged that he would be pleased to read the « Précis des propositions etc. », which he did, laughing loud at every article. He concluded with saying: it is all a lie from beginning to end, I never had anything to do with Wackerbarth, nor never saw him but twice, when he came with formal compliments from the Prince Electoral of Saxony, and you were present, I desire no other witness than yourself, and you know I have sent Wackerbarth prisoner to Cüstrin, as I found him intriguing at the court of Saxony . . .“ [Ausfertigung im Public Record Office zu London; Prussia Vol. 90.] Vergl. auch Nr. 8952 S. 47. 48.