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Je vais envoyer un courrier sur-le-champ pour rendre compte des ouvertures que Votre Majesté veut bien me faire, et j'aurai l'honneur de Lui rendre la réponse, comme j'en suis convenu avec M. d'Eickstedt.

Je sens, comme je le dois, tout le prix des choses flatteuses qui viennent d'un Prince qui. fait l'admiration de toute l'Europe, et qui, si je l'ose dire, a fait encore plus, s'il est possible, la mienne particulière; je voudrais bien au moins mériter ses bontés, en le servant dans le grand ouvrage auquel il daigne croire que je puis contribuer; je voudrais par-dessus tout lui pouvoir donner des preuves du profond respect avec lequel j'ai l'honneur d'être etc.“

Kerspleben, 24 septembre 1757.

J'ai eu la satisfaction de bien recevoir les lettres que vous m'avez faites du 20 et du [20] de ce mois, et suis content de la façon dont vous vous êtes pris pour vous acquitter de votre commission. Je ne saurais répondre présentement à la lettre du duc de Richelieu, vu qu'il ne s'y agit que de compliments pour répondre à la lettre que je lui avais faite. Il me faut attendre celle qu'il me fera après le retour de son courrier. Mais la première fois que vous lui parlerez, vous lui direz, quoique bien modestement et en termes convenables et doux, qu'il était vrai que j'avais envoyé quelqu'un en France,1 pas pour y négocier, mais pour sonder seulement la façon de penser de sa cour, et comment elle s'expliquerait par rapport à l'accommodement à faire. Vous pouvez d'ailleurs bien jeter à propos, dans vos discours avec M. le Maréchal, que nous ne manquerons pas d'occasions pour parvenir à la paix; qu'on nous en a fait des propositions qui nous accommoderaient assez, mais que, par une entière prédilection pour la France, nous aimons mieux, si nous pouvons nous accorder avec elle, et que les affaires se fassent plutôt par elle que par d'autres; que, quant à la paix, soit particulière soit générale, nous attendions les propositions qu'on me ferait, afin d'y pouvoir répondre. Au [surplus,] quand le duc de Richelieu vous parlera de cessions ou de pareilles choses, vous lui répondrez modestement que des propositions de cette nature n'étaient pas les moyens propres pour faire acheminer la paix, et qu'il devait se souvenir de ce qui arriva l'an 1672 à Louis XIV, lorsqu'il fut à Utrecht.2

Au reste, je suis bien aise de vous avertir que, quoique la nouvelle de la retraite de l'armée de Russie de Prusse,3 qu'elle vient de faire effectivement, pour s'en retourner aux frontières de la Russie, sans que nous savons au juste la raison qui l'y oblige, ne manquera pas d'arriver à vos lieux, ma volonté est cependant que vous ne devez pas sonner le mot au Duc ni vous en expliquer en aucune façon làdessus, avant que vous n'ayez mes instructions ultérieures sur cet évènement. Et, sur ce, je prie Dieu etc.

Friderich.4

Nach der Ausfertigung.



1 Vergl. S. 363. 377.

2 Mit der Einnahme von Utrecht im Juni 1672 endete der schnelle Siegeszug Ludwigs XIV. in Holland.

3 Vergl. Nr. 9351.

4 Sic.