<106>

9607. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE A LEIPZIG.

[Décembre 1757.]

Toute la manœuvre du duc régnant de Brunswick1 n'est, au moins à ce qui me paraît, qu'une grimace et comédie, qu'il joue pour ne pas irriter les Français, afin que son pays n'en soit maltraité, s'il allait tête levée et à jeu ouvert.

Quand le maréchal Lehwaldt sera entré dans la Poméranie suédoise, il pourrait bien arriver que les Français voudraient faire quelque diversion dans la Vieille-Marche; mais elle ne sera pas importante. Cependant, dans ce cas-là, il faudra que le maréchal Keith vous détache un régiment de dragons, quelques hussards et un bataillon, pour aller soutenir le corps de troupes dans le Halberstadt,2 et alors il n'y aura aucun risque.

Federic.

Nach dem Concept.3


9608. AU DUC RÉGNANT DE BRUNSWICK.4

Près de Breslau, 19 décembre 1757.

Monsieur mon Frère et Cousin. Votre Altesse connaît trop les vrais sentiments de mon cœur et toute l'étendue de mon amitié la plus invariable envers Elle, pour que je ne dusse pas me natter qu'Elle ne voudrait permettre que je m'ouvrisse envers Elle sur une affaire de la dernière conséquence, et qui intéresse également la bonne cause commune et Sa propre dignité, tout comme les liaisons étroites dans lesquelles j'ai toujours eu la satisfaction de vivre avec Elle. J'ai appris la résolution que Votre Altesse a prise de vouloir rappeler Ses troupes de l'armée des alliés,5 et je crois pouvoir aisément comprendre les raisons qui L'ont conduite à faire une pareille déclaration. Qu'Elle me permette de Lui représenter l'inconvénience de cette résolution qui, à tous égards, ne saurait être que très préjudiciable à la bonne cause commune et à Ses propres intérêts, tout comme à ceux de Sa maison. Elle Se souviendra combien Ses États ont souffert de l'injuste oppression de nos ennemis communs, et Elle jugera par là Elle-même ce qu'Elle aura encore à souffrir, si jamais Elle Se livrera entièrement à la discrétion des gens qui, jusqu'à présent, n'ont marqué la moindre considération pour tout ce qu'il y a des princes les plus respectables en Allemagne, et qui ne connaissent d'autre règle que leur volonté absolue. Si jamais Votre Altesse Se sera dépouillée de Ses troupes en les séparant de celles avec lesquelles combinées elles se soutiennent, et en les voyant désarmées et pour ainsi dire anéanties, quels égards les susdits gens conserveront-ils pour Votre Altesse? au lieu que, si le Ciel bénit les entre-



1 Vergl. Nr. 9608.

2 Vergl. Nr. 9594.

3 Eichel bemerkt am Rande für die Ausfertigung: „Ohne Curialien noch Rubrique“ .

4 Der Herzog befand sich zu dieser Zeit in Blankenburg.

5 Vergl. S. 72. 99.