<116> je ne saurais prévoir comment les choses seront allées, [en attendant]1 que ma lettre vous sera arrivée; mais pensez, je vous en prie, à ce que, quand vous passerez de ce côté-ci, près de Celle, l'Aller, vous entrerez dans un trait de pays peu fertile, où vous serez obligé de faire charrier vos subsistances, au lieu que l'ennemi les aura de ses magasins à droite et à gauche.

Pour ce qui regarde les représailles que vous me demandez, de ce que l'ennemi vient de mettre le feu au faubourg de Celle, je vous prie de considérer qu'il n'y a là qu'une marque de ce que l'ennemi a envie de vouloir défendre la ville, et que c'est l'usage de brûler alors les faubourgs. Mais, si l'ennemi voulait brûler les villes sans défense, de même que les villages, uniquement dans le dessein de ruiner le pays, alors soyez persuadé qu'en conséquence de la lettre que je vous ai faite à ce sujet,2 j'userai de représailles en Saxe.

Il ne me reste, pour vous répondre, que l'article des troupes légères que vous me demandez; sur lequel je suis obligé de vous dire qu'il n'est pas possible de vous en détacher d'ici, où j'en ai moi-même grand besoin, et qui ne vous arriveraient qu'au mois de février. Quant à celles que le maréchal Keith a auprès de son corps, il en a absolument besoin contre Laudon.

Lehwaldt ne fait que commencer ses opérations, et il faut qu'il porte des coups sensibles aux Suédois. Cependant, comme ses opérations auront apparemment fini en quinze jours, il vous enverra alors cinq escadrons de hussards avec un régiment de dragons, selon ma promesse.3 Je suis avec des sentiments d'estime et de l'amitié la plus parfaite, Monsieur mon Cousin, de Votre Altesse le bon cousin

Federic.

Nach der Ausfertigung im Kriegsarchiv des Königl. Grossen Generalstabs zu Berlin.


9622. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE A LEIPZIG.

Breslau, 22 [décembre 1757].

Mon cher Frère. Comme je crois devoir satisfaire votre curiosité et le tendre intérêt que vous prenez à l'État et à la gloire de l'armée, je puis, à présent que je suis positivement instruit de tout, vous accuser au juste le détail de nos avantages. La perte de l'ennemi à la bataille consiste en 6000 et quelques cents morts, enterrés par les paysans de Leuthen, de Lissa et de Gohlau, 18,350 prisonniers, dont 1200 sont morts, depuis, de leurs blessures; 5450 de coupés qui ont jeté leurs armes et se sont sauvés en Pologne; 123 canons, 327 officiers et à peu près 1600 hommes qui leur sont désertés sur la route de Trautenau. Total de leur perte: 31,400. Nous avons pris dans la ville, selon le billet ci-joint,4 715 officiers, 11,000 hommes portant les armes, consi-



1 Die Ergänzungen nach dem Concept (Geh. Staatsarchiv).

2 Vergl. Nr. 9578.

3 Vergl. S. 15. 16. 111; Bd. XV, 424. 447. 466.

4 Liegt nicht bei.