<146> parlez, ma chère sœur, ni celle de Voltaire; il faut que malheur leur soit arrivé, ce qui peut très facilement arriver dans ces temps de crise.

Il est vrai que nos avantages ont de beaucoup surpassé nos espérances; mais quand je pense à l'avenir et au nombre des ennemis qui me restent, il me semble que ce n'en est point encore assez pour parvenir promptement à une bonne paix.

Les deux régiments autrichiens qui quittent votre voisinage, seront sans doute obligés de se joindre à Marschall,1 pour couvrir le cercle de Saaz, où le maréchal Keith a fait une incursion,2 et qu'il menace de nouveau; d'ailleurs, la quantité de neige qui est tombée dans les montagnes, met fin à toutes les opérations militaires jusqu'au [moment que] les approches du printemps nous permettent — comme dit Philinte — d'avoir l'honneur de nous entrecouper la gorge.3

Pour l'amour de Dieu, ma très chère sœur, ménagez votre santé, et conservez vos jours pour un frère qui vous adore, et qui ne cessera d'être avec la plus haute estime, le zèle et le plus vif attachement, ma très chère sœur, votre très fidèle frère et serviteur

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.


9660. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE A LEIPZIG.

Breslau, 2 janvier 1758.

Mon cher Frère. Bon jour, bon an! Je fais mille vœux pour vous, pour votre prospérité et pour votre conservation. Je suis charmé des nouvelles que vous me donnez du prince Ferdinand, dont je n'en ai pas reçu de longtemps :

La montagne en travail enfante une souris.

Je vous ai expliqué naturellement ce que je pensais de son opération;4 je souhaiterais cependant beaucoup qu'il pût décider quelque chose là-bas ou du moins harceler les Français pendant l'hiver, ce qui leur rendra la vie insupportable.

Vous avez très bien fait de signifier l'exécution à messieurs d'Anhalt;5 il ne faut pas ménager ces messieurs : ils sont dans le cas de ces Chrétiens que Dieu rejette de sa bouche parcequ'il les a trouvés tièdes.6

Dieu merci! mon frère Ferdinand est hors de danger.7 J'espère qu'il se remettra dans peu tout-à-fait.

Les Autrichiens nous ont empesté la paix par leur maudite maladie hongroise;8 il y a beaucoup de villages que je suis obligé de laisser vides, pour que la contagion ne gagne pas les troupes.



1 Vergl. S. 132.

2 Vergl. S. 50. 58.

3 Destouches, Le Glorieux, Akt III, Scène 7.

4 Vergl. Nr. 9644.

5 Vergl. S. 52. In einem Schreiben an die anhalter Fürsten, d. d. Breslau 2. Januar, zeigt der König denselben an, dass er von den am 16. December (vergl. Nr. 9592) gestellten Forderungen nicht abgehen werde.

6 Offenbarung Johannis III, 15. 16.

7 Vergl. S. 127. 135. Vergl. vom selbigen Tage auch das Schreiben des Königs an den Prinzen Ferdinand von Preussen in den Œuvres Bd. 26, S. 540.

8 Vergl. über diese Krankheit: Histoire de la guerre de sept ans. Ch. VII. Œuvres Bd. 4, S. 181. 182.