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9731. AU MINISTRE D'ÉTAT ET DE CABINET COMTE DE PODEWILS A BERLIN.

Breslau, 26 janvier 1758.

Mon cher comte de Podewils. Pour vous répondre à ce que vous m'avez mandé par votre rapport touchant les prétendues plaintes du prince de Zerbst à ce qui s'est passé en dernier lieu avec de Fraigne,1 je vous dirai que, bien éloigné que je suis de désavouer ce qui est arrivé à ce sujet, vous saurez que c'est plutôt par mon ordre exprès qu'on a dû enlever cet homme dont je sais de science certaine que son séjour à Zerbst n'a d'autre objet que de servir d'espion aux Français, à l'égard de ce qui se passe en Saxe et dans les quartiers de mes troupes dans ces environs, et pour me desservir, autant que son mauvais caractère en est capable. Que, si donc l'officier qui a conduit cette entreprise,2 est punissable, c'est uniquement pour s'être aussi mal pris qu'il a manqué son coup; qu'il aurait été ridicule de vouloir faire des réquisitions préalables qui n'auraient servi que d'avertir cet homme pour prendre ses mesures, et qu'au surplus les lois et les usances de la guerre ne reconnaissent nulle protection à des espions déclarés.

Vous répondrez donc, conformément à ceci, au susdit Prince en termes convenables, en lui faisant observer d'ailleurs combien je lui ai donné des marques convaincantes d'amitié et d'égards;3 mais vous l'avertirez en même temps que, si cet indigne personnage voudrait s'aviser de m'insulter par un plus long séjour dans le pays de Zerbst, rien alors m'empêcherait de le traiter en espion gagé et de le faire enlever de gré ou de force à la première occasion que je trouverais convenable.4 Et, sur ce, je prie Dieu etc.

Federic.

Nach der Ausfertigung,


9732. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE A LEIPZIG.

[Breslau,] 27 [janvier 1758].

Mon cher Frère. A moins que vos généraux ne fussent les hommes les plus négligents de l'univers, Magdeburg n'a rien à craindre d'une surprise, et il ne faut pas prendre des précautions superflues pour un corps de quelques mille hommes qui s'approchent. Je m'en rapporte à la lettre que je vous ai écrite hier, et au chiffre, par lequel vous verrez de quoi il est question.5

L'officier de hussards6 mérite les arrêts, pour n'avoir pas exécuté mes ordres. Il faut que j'aie ce Fraigne à tout prix, ou il faut qu'on



1 Vergl. S. 198.

2 Lieutenant von Barowsky von den Seydlitz-Husaren.

3 Vergl. S. 52.

4 Demgemäss im Ministerium concipirtes Handschreiben des Königs an den Fürsten von Zerbst, Berlin 31. Januar 1758.

5 Vergl. Nr. 9730.

6 Barowsky. Vergl. Nr. 9731.