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9746. AU LIEUTENANT-GÉNÉRAL PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK.1

Breslau, 2 février 1758.

Monsieur mon Cousin. Vous serez apparemment déjà instruit de la fâcheuse nouvelle qui vient de m'entrer, mais qui ne saura manquer de vous être parvenue également, d'une nouvelle invasion des troupes russes en Prusse, et qu'ils ont même occupé la ville de Kœnigsberg,2 après que la garnison, trop faible pour se soutenir contre un corps de troupes ennemies aussi fortement supérieur que celui qui a été mené vers Kœnigsberg, a été obligée de s'en retirer. On vient de me marquer de même que, dès que les Russes, à ce qu'ils disent eux-mêmes tout hautement, auront assemblé en Prusse toutes leurs forces et attiré à eux les secours qu'ils attendent de Livonie, ils en détacheront deux puissants corps, l'un vers la Poméranie pour y secourir les Suédois, l'autre vers la Silésie.

Pour parler confidemment à Votre Altesse, Elle verra par là combien mal je suis assisté par les Anglais, qui, contre tant de promesses qu'ils m'ont faites de me vouloir rendre le dos libre, n'y pensent autrement qu'avec une indolence incompréhensible; ce qui, cependant, ne me rebutera pas de leur rester fidèlement allié. Mais Votre Altesse comprendra en même temps que, dans ces occurrences et menacé de tous côtés, je ne saurais vous laisser plus longtemps le renfort que je vous ai destiné,3 et qui se sera déjà mis en marche, que pour le temps qu'il vous faut pour votre expédition projetée, et que, cette expédition finie, il me faudra absolument rappeler ledit Prince,4 pour m'en servir à ma propre conservation, vu que tout homme raisonnable convient que ce serait ridiculement fait de ma part de vouloir laisser périr mes propres affaires, pour courir au secours des États d'Hanovre que les Anglais négligent jusques à présent eux-mêmes, en n'y voulant pas envoyer de leurs troupes.5 Je suis toujours avec mes sentiments d'estime, Monsieur mon Cousin, de Votre Altesse le bon et très affectionné cousin

F ederic.6

Nach der Ausfertigung im Kriegsarchiv des Königl. Grossen Generalstabs zu Berlin.



1 Die Berichte des Prinzen Ferdinand vom 25., 29., 30. Januar, 3., 8., 9. und 15. Februar sind aus Lüneburg datirt.

2 Vergl. S. 211. Anm. 5.

3 Vergl. S. 211.

4 Holstein-Gottorp. Vergl. S. 211. Im Concept stand zwei Zeilen weiter oben: le renfort que je vous ai destiné „sous les ordres du prince de Holstein“ .

5 Vergl. S. 210.

6 In einem Erlass vom 10. Februar schreibt der König, er werde, falls die Russen beträchtliche Truppencorps gegen Pommern und Schlesien senden und der Prinz noch länger mit seinem Vorgehen gegen die Franzosen zögern würde, genöthigt sein, den Prinzen von Holstein mit seinen Schwadronen zurückzuberufen.