<223> ma chère sœur, mettons encore cette année sous le nombre de celles d'épreuve, par lesquelles nous sommes obligés de passer, il faut prendre son parti sur tous les évènements de la vie et en attendre l'arrivée patiemment. Ne vous embarrassez pas des princes de l'Empire, leurs troupes ne feront pas grand mal; peut-être que les Français feront plus de bruit que de besogne, comme c'est leur ordinaire. Les Russes sont venus en Prusse. Tout cela, il est vrai, est fâcheux et triste, mais il en faut voir la fin et devenir aussi bon stoïcien que Zénon. Voilà tout ce qui nous reste.

Je prends la liberté de vous envoyer une médaille1 frappée à Berlin à l'imitation de celle des Autrichiens. Si ces gens n'avaient pas poussé l'insolence à ce point, je n'aurais jamais souffert que l'on eût frappé une pareille médaille.

Je vous prie, ne pensez pas à la mort, mais conservez-vous pour votre famille qui vous chérit, pour un frère qui vous adore, et qui ne respire que pour vous. Ce sont les sentiments avec lesquels je serai jusques au dernier soupir de ma vie, ma très chère sœur, votre très fidèle frère et serviteur

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.


9752. A LA MARGRAVE DE BALREUTH A BAIREUTH.

[Breslau, 3 février 1758.]2

Toutes les lettres que vous m'avez fait tenir, m'ont été fidèlement rendues. Il ne m'en manque aucune; ainsi l'avis qu'on vous a donné, qu'il y en avait d'interceptées, ne saurait être vrai.

Le projet des Français est de former une armée dans le Bamberg et Würzburg, pour agir le printemps qui vient en Saxe [ou] dans la Thuringe, comme l'année passée. On formera d'ailleurs l'armée des Cercles en Bohême, pour la faire passer de là en Saxe, à laquelle on joindra apparemment le corps de Marschall; mais à ce que j'espère, c'est que ce dessein sera encore bien dérangé, avant qu'il parvienne à son exécution.

[Federic.]

Nach dem Concept.3


9753. AU MINISTRE D'ÉTAT ET DE CABINET COMTE DE PODEWILS A BERLIN.

Breslau, 4 février 1758.

Mon cher comte de Podewils. J'ai vu, par votre rapport du 31 janvier, ce que les deux ministres d'Hanovre,4 Münchhausen et Harden-



1 Vergl. Anm. 6 S. 222.

2 Das Datum nach dem Déchiffré von der Hand der Markgräfin.

3 Dieses Schreiben wurde chiffrirt und ohne Unterschrift gesandt, das vorangehende (Nr. 9751) unchiffrirt. Vergl. hierzu S. 66. Anm. 2

4 Hardenberg war hessencasselscher Geheimrath und befand sich in der Umgebung des nach Hamburg geflüchteten Landgrafen von Cassel. Vergl. Bd. XV, 224. 356. Ueber Hardenberg vergl.: Ein kleinstaatlicher Minister des 18. Jahrhunderts. Leben und Wirken Friedrich Augusts Freiherrn von Hardenberg. Leipzig 1877.